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Silence, Présence, et Rencontre

L’univers carcéral est un milieu très bruyant. C’est un milieu bétonné, qui résonne d’une multitude de bruits : claquements sinistres de nombreuses portes et serrures, musiques, cris, invectives ou injures où s’extériorisent la violence, la révolte, ou la frustration. Si « le bien ne fait pas de bruit », nous savons que, « le bruit ne fait pas de bien » pour paraphraser saint Vincent de Paul, et c’est certainement la raison pour laquelle, comme j’ai pu tout particulièrement le constater lors de la dernière messe au centre de détention de Neuvic, nos frères détenus apprécient tout particulièrement les silences pendant les célébrations eucharistiques. Ces espaces deviennent pour eux un espace de recueillement profond, un espace qui leur permet de rejoindre leur cœur, pour y retrouver la source de leur vrai « moi », pour y accueillir la présence pacifiante du Seigneur qui se donne à eux, sans bruit, dans le Mystère de son corps et de son sang.

Leur attitude nous rappelle cette chose essentielle : le silence dans la liturgie n’est pas l’espace d’une transition entre une prière, un chant, une lecture ou un temps de parole. Il est le point de départ et le point d’arrivée, que toutes nos prières, qu’elles soient dites ou chantées, doivent préparer, favoriser, même, car « le silence est le symbole de la présence et de l’action de l’Esprit Saint qui anime toute l’action de la célébration. C’est pourquoi il constitue un sommet dans une séquence
liturgique (…). Ainsi, le silence conduit à la contrition et au désir de conversion. Il suscite la disponibilité à l’écoute de la Parole et à la prière. Il nous dispose à adorer le Corps et le Sang du Christ. Il suggère à chacun, dans l’intimité de la communion, ce que l’Esprit veut opérer dans nos vies pour nous conformer au Pain rompu. Pour toutes ces raisons, nous sommes appelés à accomplir avec un soin extrême le geste symbolique du silence. À travers lui, l’Esprit nous donne forme.
«  (Lettre du Pape François pour la formation liturgique du peuple de Dieu, Desiderio desideravi, 29 juin 2022, N°52)

Nous venons à la messe avec le fardeau de nos vies : les soucis de travail, de santé, les tensions familiales, la marche chaotique de notre cœur, de notre société, et du monde. Puisse le silence, dans nos célébrations, nous aider à déposer tous ces fardeaux dans le cœur de notre Seigneur, pour trouver là, dans sa Présence, la Paix, la force qui nous feront poursuivre la route avec joie et enthousiasme. Et puissent aussi ces instants vécus, sans bruit, sans mots, en présence du Seigneur, augmenter notre qualité d’écoute, développer en nous ce que saint Augustin appelle « l’oreille du cœur », certainement chère au Pape Léon XIV. Nous le savons bien, la rencontre est difficile, si ce n’est impossible, dans le bruit, alors ne nous offrons pas à ce monde, saturé de cris, de paroles et de tensions, comme une caisse de résonance, mais laissons-nous plutôt transformer par des célébrations eucharistiques priantes et recueillies, pour devenir les artisans d’une vraie paix, des
cellules vivantes d’une vie intérieure, capable de faire taire les bruits qui montent de notre terre dans le silence de Dieu, unique espace où peut se vivre un véritable accueil des personnes.

Vos prêtres vous souhaitent un bon été au calme pour un vrai repos et de belles rencontres.

P. Daniel, pour la paroisse Saint Pierre Saint Paul des Rives de l’Isle

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