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Servir Dieu qui, en Jésus christ, se fait proche de l’humanité et du monde.

Homélie prononcée le 4 avril 2023, à l’occasion de la Messe Chrismale, en la cathédrale Saint-Front de Périgueux.

Frères et sœurs,

Comme tous les ans à ce rendez-vous, nous venons d’entendre ce récit sur Jésus à la synagogue de Nazareth. Les auditeurs, d’abord, s’étonnent « du message de grâce qui sort de sa bouche ». Mais leur attitude, nous le savons, va vite changer et cette rencontre qui a commencé dans la joie va se terminer par un rejet. Cela n’est pas sans nous rappeler la liturgie des Rameaux de dimanche : une foule enthousiaste qui accueille Jésus à Jérusalem et se retourne ensuite contre lui. Nous avons entendu le rejet, la condamnation, puis la douleur, la souffrance et le cri de désespoir du Christ crucifié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».

C’est pourtant là que tout commence pour nous, face à Jésus crucifié parce que c’est là que tout s’accomplit. Tout particulièrement dans le geste d’abandon confiant du Fils entre les mains de son Père. Dans cette confiance Dieu nous a montré, nous montre le seul chemin du salut. Non pas la magie d’un miracle ni le feu d’artifice du sensationnel attendus par la foule, mais la confiance filiale, jusqu’au bout. Celle qui, selon la promesse du Père, au troisième jour, ressuscitera le Fils. Et ensemble, le Père et le Fils tenant toujours leur promesse envers nous et l’humanité, au jour de Pentecôte, enverront leur Esprit sur la jeune Église, fragile dans son berceau. Sa pauvreté et sa fragilité lui permettent de naître et de renaître sans cesse en Celui qui ne cesse de dire « oui » au Père qui l’a envoyé. Nous en recevons la Vie et le dynamisme en chaque Eucharistie que nous célébrons par ces paroles extraordinaires : « Ceci est mon corps livré pour vous », « ceci est mon sang versé pour vous et la multitude ».

À l’origine de la mission du Christ, comme nous l’avons entendu dans la synagogue de Nazareth, il y a l’onction du Saint Esprit : « l’Esprit du Seigneur m’a consacré ». À l’origine de la mission de l’Église, il y a l’Esprit du Ressuscité qui, le jour de Pentecôte, descend et consacre les apôtres : « Vous allez recevoir une puissance, celle de l’Esprit Saint, qui viendra sur vous, et alors vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8). La messe chrismale, qui nous rassemble ce soir frères et sœurs, est tout à la fois célébration de notre origine et envoi en mission. Dans cette célébration si particulière, le Seigneur nous laisse entendre qu’il est avec nous « jusqu’à la fin des temps » sur les chemins où nous conduisent toutes les croix par lesquelles nous le suivons. Cette célébration si particulière nous dit que nous pouvons toujours accueillir le Christ dans ces humbles gestes que sont les sacrements, tout au long de nos vies.

Ce soir frères et sœurs, contemplons la croix du Christ. Laissons monter en nos cœurs l’action de grâce, de ce Seigneur qui a donné sa vie pour nous, de ce Seigneur qui nous envoie en mission, de ce Seigneur qui peut-être nous aurait nous aussi cherché des yeux si nous avions vécu à Jérusalem à ce moment-là, et qui peut-être ne nous aurait pas trouvé au pied de la croix. Maintenant nous croyons que le Seigneur nous regarde chacune et chacun ce soir pour nous dire sa confiance, pour nous redire sa joie de pouvoir nous appeler ses amis, de ce Seigneur qui nous envoie parce qu’il aime, plus que nous et que déjà IL voudrait tant que l’évangile soit annoncé à tout le peuple en Périgord. Alors les huiles que nous allons bénir, consacrer, prennent tout leur sens.

Chers frères prêtres et diacres, notre ministère, vous le savez bien, est tout entier ordonné au service de la dignité du peuple de Dieu. Et la dignité d’un peuple, même le plus pauvre, le plus misérable provient de la proximité de Dieu. Dieu, en son Fils, s’est approché de son peuple et, par son Esprit, de tous les peuples de la terre. C’est la raison pour laquelle il nous faut situer notre ministère dans ce grand souffle spirituel de la catholicité de l’Église, c’est à dire pour tous et dans la diversité des situations et des cultures bien présentes aujourd’hui ici, dans notre diocèse par nos frères prêtres, nos frères et sœurs consacrés, et les laïcs qui viennent d’autres pays et continents. Il y a quelque chose de prophétique dans cette catholicité de l’Eglise pour notre tempsqui tend à s’exprimer tout simplement, à travers nos pauvres vies d’évêques, de prêtres, de diacres, de consacrés, et de baptisés, par la façon dont nous nous mettons au service de la proximité de Dieu avec tout son peuple dans notre monde.

Église en Périgord, écoutons une nouvelle fois Jésus au seuil de sa mission, le programme qu’il fixe à son Église et qu’il nous propose aujourd’hui : porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, travailler à la libération de tous ceux que la peur, la maladie, le péché, l’angoisse du lendemain, l’incertitude de l’avenir, retiennent captifs ou rendent malheureux. Le serviteur n’est pas au-dessus de son maître : puisque le Christ a été persécuté, toi aussi, tu seras persécuté. Mais n’aie pas peur et regarde devant. Amen !

+ Philippe MOUSSET,
Evêque de Périgueux et Sarlat

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