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Rencontre avec Mgr Faustin Ambassa Ndjodo, archevêque de Garoua

Mgr Faustin Ambassa Ndjodo, archevêque de Garoua était présent du 14 au 16 octobre pour découvrir la vie pastorale de notre diocèse et célébrer les 40 ans du jumelage de l’archidiocèse de Garoua avec le diocèse de Périgueux. L’occasion pour nous de lui poser des questions sur ce jubilé, les échanges enre les deux diocèses et la Mission de l’Église.

Que vous inspirent ces rencontres autour des quarante ans de Jumelage ?

Mgr Faustin Ambassa Ndjodo : Nous sommes là pour célébrer le jubilé des 40 ans de jumelage entre l’archidiocèse de Garoua et le diocèse de Périgueux. En réalité, c’est la 2e partie de la célébration puisqu’une première partie a été célébrée à Garoua lors de la venue de Mgr Philippe Mousset avec une délégation au mois de juin dernier. Ils ont passé 15  jours au milieu de nous, c’était l’occasion pour nous de leur faire découvrir un peu la réalité de notre diocèse. 

Aujourd’hui c’est nous qui venons, nous avons un programme, avec une journée d’échanges où nous découvrons la vie du diocèse de Périgueux. Il y a beaucoup de choses que nous avons découvertes : la Pastorale  des Jeunes, celle des Funérailles, le Secours Catholique, le Parcours Alpha, qui est quelque chose d’extraordinaire et de nouveau pour nous, ainsi que beaucoup d’autres expériences. 

Alors qu’est-ce que tout cela m’inspire ?  Tout simplement que l’Église est comme une grande maison où tous les enfants de Dieu se retrouvent : on peut se retrouver dans un coin à gauche ou dans un coin à droite, on peut parfois vivre l’illusion que, vivant dans son coin, la maison s’arrête là. Ensuite, on évolue, on voit que celui qui est à l’autre bout appartient à la même maison. Nous sommes dans la même maison, l’Église, celle des enfants de Dieu. J’ai donc le sentiment que nous sommes une grande famille. 

Et c’est un sentiment de joie de sentir en Mgr Philippe Mousset, mais aussi en ses prédécesseurs, ce désir de vivre cette communion. C’est aussi un grand sentiment de paix, de joie, de se retrouver dans cette Église. Avec, en même temps, la conscience que nous articulons quelque chose : Mgr Mousset et moi-même nous avons pensé qu’il faut insister sur cette coopération missionnaire, lui donner corps. Et je suis heureux que dans le diocèse de Périgueux il y ait eu la remise en route d’un service chargé de la Coopération Missionnaire, cela donne de l’importance à quelque chose qui n’est cependant pas nouveau dans l’Église : l’Église est et a toujours été missionnaire. 

Elle est née de la mission et vivra toujours de la Mission. Le pape François a dit nous sommes des disciples missionnaires. Ça me fait penser au Concile Vatican II : dans le document Lumen Gentium, on parle de l’Église qui est Universelle mais aussi des Églises particulières. On y dit qu’une Église particulière n’est pas coupée de l’Église Universelle et le document conciliaire donne des orientations : il dit qu’il faut avoir des échanges entre les Églises particulières et ces échanges sont de trois ordres. On peut échanger des biens spirituels ; on peut échanger les personnes, en termes d’ouvriers apostoliques  et on peut échanger des biens matériels. Donc, d’une façon ou d’une autre, ces échanges-là sont un peu l’armature d’une coopération. C’est donc avec un grand sentiment de joie et de gratitude, mais aussi beaucoup d’espérance pour l’avenir, que nous célébrons cette deuxième partie du jubilé. Nous espérons que ceux qui viendront après nous pourront célébrer les 50 ans, les 100 ans de ce jumelage.

Qu’à apporté ce jumelage à l’archidiocèse de Garoua et au diocèse de Périgueux ?

Mgr F. A. N. : Je crois que les deux diocèses ont beaucoup reçu de ce jumelage : s’il existe depuis 40 ans ça veut dire que de part et d’autre on a pensé qu’il fallait le garder et qu’il était utile. Si ça n’avait pas été le cas, il aurait, je crois, été résilié ou enterré depuis des années. Concrètement, nous avons reçu à Garoua des prêtres, le Père Jean Torcel a vécu à Garoua, dans la paroisse de Touboro, pendant des années. Nous avons également envoyé des prêtres dans le diocèse de Périgueux, certains y sont encore. Quelques prêtres de Garoua sont accueillis parce qu’ils doivent étudier à l’Université Catholique, ils bénéficient de l’hospitalité et du soutien du diocèse de Périgueux, et ça, c’est quelque chose. Il y a aussi eu des échanges d’expériences, d’idées, de connaissances. Cette amitié est toujours là et nous allons la renforcer. Beaucoup de choses ont été faites et nous espérons que dans l’avenir cette coopération pourra se déployer davantage, sur certains champs précis, comme avec les jeunes dans le cadre de la Pastorale de la jeunesse. Mais cela peut aussi se faire sur l’éducation, l’évangélisation, ou d’autres sujets, où l’on s’appuie mutuellement, en marchant main dans la main. 

Dans un monde de plus en plus divisé, pensez-vous que la Pastorale des Jeunes, notamment, peut permettre à l’Église d’être un vecteur de rassemblement ? 

Mgr F. A. N. : Absolument. L’Église doit vivre en elle-même ce rassemblement en enfants de Dieu qui se mettent ensemble. L’Église, dès le début, a eu une attitude multiculturelle. Quand on lit les Actes des apôtres, dès le début  on voit que ceux qui ont assisté à la première prédication, les Apôtres, venaient de tous bords. L’Église a toujours été ça. Elle doit le vivre à l’intérieur pour être crédible quand il s’agit d’appeler le reste du monde à vivre cette multiculturalisation. Enfin, nous sommes enfants d’un même Dieu, on ne peut pas se diviser, on ne peut pas se combattre, on ne peut pas se balkaniser ! Ce qui se passe au niveau des jeunes est formidable et c’est pour ça qu’on a lancé une invitation quand Mgr Mousset était à Garoua, et qu’on l’a répétée aujourd’hui, aux jeunes de Périgueux. En 2026 nous aurons les journées diocésaines des Jeunes à Garoua et nous espérons que nous aurons une bonne délégation de jeunes Périgourdins. C’est ce qu’il faut faire pour que tout le monde se sente partout chez lui.

Un dernier mot sur la Mission de l’Église. Est-ce que vous pensez qu’aujourd’hui elle est plus nécessaire que jamais ?

Mgr F. A. N. : Absolument. Il y a eu des moments, ça dépend des zones géographiques, des booms d’évangélisation durant lesquels des missionnaires sont partis d’Europe pour venir chez nous. Nous sommes dans l’Archidiocèse de Garoua dans une phase de croissance, mais ça ne veut pas dire que l’Évangile est partout. Si on croît, c’est justement parce qu’il y a des zones à couvrir.  Pour en revenir à la vision de Jean dans l’Apocalypse, “J’ai vu une foule immense de toutes les nations”, nous ne sommes pas encore arrivés à ce niveau. Voyez aussi la promesse faite à Abraham “Les enfants du monde comme sable au rivage de la mer”.  Je crois que le désir de Dieu c’est que tous ses enfants le connaissent comme Père et viennent vers Lui. Et c’est ça la Mission : rappeler aux hommes, aux femmes, aux enfants, aux personnes âgées dans le monde que nous ne sommes pas orphelins, que nous avons un Père, qui est Dieu. Allons vers lui, nous ne sommes pas comme des aveugles sur le chemin, nous avons un guide, nous avons une lumière qui est le Christ, qui nous conduit vers le Père. Ne soyons pas désemparés, nous avons quelqu’un qui nous aime, un Dieu qui s’appelle Amour. C’est ce que nous devons dire au monde aujourd’hui, pour que tous les enfants de Dieu le reconnaissent et jouissent consciemment de cet Amour de Dieu. C’est ça la Mission, et pas autre chose.

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