Jeudi 14 novembre, le Secours Catholique a publié son rapport annuel sur la pauvreté en France. Ce rapport est constitué de faits collectés au sein de l’association en 2023 permet d’appréhender les situations des plus précaires en France.
Dans ce rapport 2024, l’association met l’accent sur la difficulté pour les plus démunis d’accéder à la protection sociale. La dématérialisation des démarches administratives empêche nombre de personnes précaires de demander des aides auxquelles elles ont droit. La non-maîtrise des outils informatiques plus les bugs et autres dysfonctionnements aggravent leur situation. Finalement, le tout numérique aboutit, dans certains cas, à une déshumanisation manifestée par une augmentation du non-recours aux prestations sociales.
La délégation Périgord Agenais du Secours Catholique représente plus de 400 bénévoles qui accompagnent plus de 8000 personnes dans le besoin.
ÉTAT DE LA PAUVRETÉ EN FRANCE
En 2023, 1 060 000 personnes en situation de précarité ont été accompagnées par le Secours Catholique-Caritas France, dont la moitié sont des enfants. Comme cela a été observé dans le passé, les plus touchées par des situations de pauvreté sont les femmes pour un total de 57%. La situation familiale est un facteur supplémentaire de fragilisation : 1 femme sur 4 est une mère isolée. Si les jeunes entre 15 et 25 ans représentent un total de 7,1% (5,6% en Périgord Agenais), on observe également un vieillissement de la population accueillie, 14% de celle-ci a plus de 60 ans (15,1% localement).
On observe également une augmentation du taux d’inactivité, retraite, inaptitude pour raisons de santé (+ 5% en 10 ans) et même des contraintes de garde d’enfants. Les actifs accueillis sont principalement en temps partiels ou en CDD. Pour la population étrangère, la plupart sans ressources, la proportion des familles avec enfants est devenue majoritaire (55% au national 46,2% localement).
UNE PAUVRETÉ QUI S’AGGRAVE
En 2023, 25% des personnes accompagnées par le Secours Catholique étaient sans ressource, un record qui illustre la dégradation des conditions de vie (22,45%). Le niveau de vie médian des ménages rencontrés s’établit à 555 euros par mois, en recul par rapport à 2022 (613€ en Périgord Agenais).
- 95% d’entre eux sont inférieurs au seuil de pauvreté (1275 €/mois).
- 74% sont en situations de pauvreté extrême (850 €/mois), 69% en Périgord Agenais.
AUGMENTATION DE DEMANDE D’AIDE LIÉES AUX DÉMARCHES ADMINISTRATIVES
L’écoute reste un besoin essentiel pour les personnes en situation de pauvreté. En 2023, 46% d’entre elles ont exprimé un besoin d’aide alimentaire (43,8% localement). Pour ce qui est des impayés (charge, loyer, électricité, mobilité) les demandes concernent 46% des ménages (68% en Périgord Agenais), notamment les familles monoparentales.
Les demandes d’aides administratives sont en augmentation de 7 points en 10 ans, passant ainsi de 6% en 2013 contre 13% en 2023.
LE PARCOURS DU COMBATTANT POUR ACCÉDER À LA PROTECTION SOCIALE
Le Secours Catholique a voulu examiner, cette année, comment les personnes accèdent à la solidarité nationale s’exprimant à travers les prestations sociales. Le constat est clair : cette solidarité, essentielle dans la vie des personnes, s’étiole et s’éloigne.
La protection sociale permet de faire face à ce qu’on appelle les risques sociaux (séparations, déménagements, maladies, pertes d’emploi…), de fait 60% des personnes rencontrées en 2023 évoquent des accidents de la vie pour expliquer leur venue dans les locaux de l’association.
Les prestations sociales comme le RSA, la prime d’activité ou autres minima sociaux destinés à couvrir le risque de pauvreté et d’exclusion représentent moins de 4% des dépense de protection sociale, et elles baissent chaque année. Certains droits reculent notamment à cause du durcissement des critères d’éligibilité, c’est le cas pour le minimum vieillesse, les allocations chômage et le RSA.
UN NON-RECOURS EN HAUSSE
Que cela soit dû au renoncement, à la peur d’être stygmatisé, à un manque de connaissance ou à une difficulté d’accès aux démarches, le taux de non-recours accuse un recul de la solidarité nationale produit par l’administration elle-même (36% des ayants-droits au RSA ne le réclament pas, le chiffre est aussi élevé pour le minimum vieillesse).
UNE FRACTURE NUMÉRIQUE QUI S’ÉTEND
L’accès aux différentes prestations est un processus long et complexe, mais la difficulté commence par la possibilité d’accéder à l’information. Autant d’obstacles pour les personnes isolées et/ou en précarité qui entravent l’accès à leurs droits. La dématérialisation des démarches a fait disparaître le lien de proximité, pourtant essentiel, et accentue l’exclusion des personnes ne maîtrisant pas ou peu l’outil numérique ou qui ne rentrent pas dans les cases prévues par une administration qui n’est plus en capacité d’aider les demandeurs dans leurs démarches.ches.
PLAIDOYER POUR HUMANISER LA PROTECTION SOCIALE
- Garantir un accès physique au sein des administrations pour toutes et tous.
- Intensifier les dispositifs d’« aller vers » : les espaces France Services sont une bonne initiative mais cela reste insuffisant, faute de personnel et d’une répartition équitable sur tout le territoire.
- Simplifier les démarches et les adapter aux situations individuelles.
- Défendre un revenu minimum garanti décent.