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METTONS-NOUS EN ROUTE AVEC EMPRESSEMENT POUR PORTER AU MONDE LA JOIE DE L’ÉVANGILE !

Message pastoral de Mgr Philippe Mousset, évêque de Périgueux et Sarlat : Téléchargez le pdf

Deux grands évènements ont marqué d’une manière ou d’une autre notre rentrée et sont comme des indicateurs de la vie de l’Eglise pour notre temps. Le premier, ce sont les JMJ à Lisbonne et le deuxième, ce sont les « Rencontres méditerranéennes ». Je souhaite vous partager quelques aspects de ma propre relecture de ces deux moments forts qui, je le crois, ont quelque chose à dire aux membres de l’Eglise que nous sommes et aux disciples missionnaires que nous sommes appelés à être. Dans cette perspective, il me semble que la figure de Marie peut aussi nous aider à faire le lien entre ces deux évènements. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai fait le choix de placer ce message dans le sillage de celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur et qui, à l’écoute de ces paroles, humble servante du Seigneur, s’est mise en route avec empressement pour aller visiter sa cousine, Elisabeth. (Cf. saint Luc 1,26-56)

Je reviens donc, dans un premier temps, sur l’évènement des JMJ à Lisbonne, qui a rassemblé quelques centaines de milliers de jeunes venant de tous les continents. C’est d’abord cette dimension universelle qui m’a profondément marqué car elle témoignait de la catholicité de l’Eglise, de ce qui fait que, dans sa nature même, elle est ouverte à tous. Dans le contexte national et international actuel, où les différences culturelles s’avèrent parfois difficiles à vivre au quotidien, le rassemblement des JMJ nous a permis de vivre cette merveilleuse expérience d’une communion qui naît de la différence reconnue et partagée, ce que la foi au Christ Jésus, dans sa dimension catholique, rend possible.

Dans cette dynamique, le récit de la visitation de Marie à Elisabeth a été porteur et éclairant pour les JMJ. De fait, la Vierge Marie avait de bonnes raisons de rester chez elle, dans sa maison en sécurité pour protéger Celui qu’elle portait en elle. Mais, non ! Marie, poussée par l’Esprit Saint, se risque sur les routes de Palestine. Sans doute s’est-elle donné des repères essentiels pour cela. Mais elle n’a pas attendu d’être assurée que son voyage se ferait sans difficulté et sans fatigue pour partir sous l’impulsion de l’Esprit. Nous avons pu reconnaître, dans les récits de la Parole de Dieu qui nous ont été proposés, que c’est ce même Esprit Saint qui a poussé les Apôtres à se lancer dans l’aventure de la mission à la suite de Jésus. Et c’est encore lui, l’Esprit, qui nous a conduits tout au long de cette aventure étonnante et merveilleuse des JMJ. Là au cœur de ce rassemblement, nous avons pris conscience que sans lui cette aventure aurait pu prendre fin très vite, à cause de nos défauts et de nos fragilités, mais aussi et surtout à cause des différences de cultures, de sensibilités, de convictions, et de l’insécurité à laquelle elles nous confrontent !

Personnellement, c’est là que j’ai perçu dans les JMJ un témoignage fort et exceptionnel pour toute l’Église et pas seulement les jeunes : une Église décentrée d’elle-même qui laisse le Christ occuper son centre afin qu’en lui et par lui, nos différences ne soient plus des occasions de conflits ou de rivalités, mais deviennent l’espace de notre communion. Et c’est bien ce que le pape nous a rappelé, en nous invitant, à chaque instant, à nous rassembler autour du Christ. Ainsi, les jeunes ont très vite perçu que le Saint-Père n’était pas venu pour les séduire, ou les faire adhérer à ses idées, à sa sensibilité, mais, sans aucune ambigüité, pour les conduire jusqu’au Christ et à son Évangile. Il me semble, de ce point de vue, que sa joie de nous partager sa foi dans le Christ a été véritablement contagieuse. Et, chemin faisant, la confiance s’est établie avec les jeunes et, peu à peu, la communion au cœur de nos différences s’est réalisée. Mais il est vrai aussi que toute l’organisation et l’animation de ce rassemblement étaient tournées vers le Christ. On peut dire qu’à sa suite, nous n’avons pas cessé de marcher, de nous mettre en route comme Marie et avec elle.
Et si, en tout cela, nous avons été conduits jusqu’au Christ, force est de constater que c’est aussi avec empressement que l’Esprit Saint nous a poussés les uns vers les autres pour que nous puissions reconnaître dans l’action de grâce que nous sommes ce peuple de Dieu en marche dans sa diversité, porté par une même foi, une même charité et une même espérance.

Je garde notamment un souvenir ému de la journée des Français à Lisbonne, au cours de laquelle, après l’adoration du Saint-Sacrement dans un silence saisissant malgré les 44 000 personnes présentes, ont été exprimés les désirs manifestes et étonnants de s’engager sur trois propositions :

  • Travailler à l’unité de l’Église : « Le devoir de notre génération est de préserver la communion de cette Église ».
  • La fraternité avec tous : « Nous devons nous lever et servir les plus pauvres et les plus petits ». « Amen je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 34-40).
  • L’évangélisation et l’annonce explicite du Nom de Jésus : « Nous devons témoigner auprès de nos contemporains de la tendresse de Dieu, témoigner du royaume qui vient ».

Après l’évocation des JMJ, le deuxième événement qui a marqué notre rentrée est la venue du pape François à Marseille, à l’occasion des « Rencontres Méditerranéennes ». En Pasteur de l’Église du Christ, il nous a fait entrer dans ces rencontres et nous a invités à ne pas avoir peur de nous mettre à l’écoute de ces grands défis méditerranéens qui sont comme un écho de ceux auxquels nous sommes confrontés un peu partout : les conflits violents, la grande pauvreté, la pluralité religieuse, les enjeux écologiques, la situation des migrants…

Le retentissement médiatique de cet évènement ecclésial a été plutôt positif, ce qui est rare en la matière ! Dieu sait pourtant que les réalités précédemment évoquées sont plutôt complexes et qu’elles constituent pour tous de véritables défis. Qui plus est, nous le constatons un peu partout, l’inquiétude et la peur ont une fâcheuse tendance à préconiser et à entretenir des attitudes de fermeture et de repli sur nous-mêmes ! Or, la présence du pape à ces rencontres a manifesté que ces défis ont aussi un enjeu profondément spirituel pour notre Église. Il nous a invités à ne pas nous dérober mais au contraire à nous ouvrir à ces défis et à oser, sans aucune prétention et avec humilité, tout mettre en œuvre pour les affronter et les relever courageusement dans la foi, la charité et l’espérance. Je crois que les paroles du Pape sont, de ce point de vue, porteuses d’une espérance, même si certains peuvent penser et dire qu’il ne connaît rien à la situation de l’Europe ! Et, pour qui prend le temps de les relire, elles sont tout sauf simplistes ! Il me semble que le Saint-Père a parlé au nom de cette Eglise, experte en humanité, tant il est vrai que les problématiques actuelles, dans ce qu’elles ont de singulier pour notre époque, ne sont pas totalement nouvelles dans l’histoire du christianisme. La Vierge Marie, elle-même, a été confrontée dans son existence à la pauvreté, à la violence, à l’exil en Égypte, et donc à la migration forcée (comme d’ailleurs le peuple d’Israël). C’est dans ces situations et ce contexte social qu’elle a donné au monde un Sauveur. C’est en cela que prier Marie entretient en nous l’espérance face aux situations douloureuses, et nous invite, avec elle et à sa suite, à nous mettre en route avec empressement pour relever les défis actuels, même ceux qui nous semblent compliqués !

C’est l’attitude spirituelle de Marie qui émerge pour moi comme un repère fiable au cœur de ces deux évènements marquants de la rentrée. Et, c’est bien cette attitude intérieure, celle du disciple missionnaire que l’Esprit Saint peut façonner en nous, face à tous ces défis qui concernent, d’une manière ou d’une autre, nos projets pastoraux et missionnaires en cette nouvelle année pastorale. Marie nous pousse à invoquer l’Esprit avec force et persévérance pour qu’il ravive dans nos cœurs le feu missionnaire, le zèle apostolique, la passion pour le Christ et pour l’humanité.

Au terme de cette relecture des deux évènements qui ont marqué la rentrée, je tiens à vous soumettre des points d’attention à l’heure où nous nous lançons dans nos projets pastoraux et missionnaires. Ce sont comme autant de questions à nous poser pour nous aider à nous mettre, à nous remettre en route, à la suite de la Vierge Marie, afin que, dans le souffle de l’Esprit Saint, nous continuions à porter au monde la joie de l’Évangile !

  • La place de la prière et de la vie spirituelle au commencement de nos projets missionnaires ? Est-elle première dans tous nos projets ? Pensons à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus que l’Église nous propose comme patronne des missions, elle qui est restée dans son Carmel à prier, en s’offrant elle-même, avec sa joie et ses souffrances, à la suite du Christ et en lui pour la mission et tous les missionnaires.
  • Travailler à l’unité de l’Église : « Le devoir de notre génération est de préserver la communion de cette Église ». Cela nous renvoie à Pentecôte 2023, ce temps fort diocésain « Communion et mission ». Je pense à cette phrase magnifique de Christian de Chergé, reconnu martyr par l’Église catholique en 2018, dans son lumineux testament spirituel « La joie secrète de l’Esprit sera toujours d’établir la communion et de rétablir de la ressemblance en jouant avec les différences ». Quelle place et quel consentement accorder en nous à ce travail de l’Esprit Saint pour vivre la communion ?
  • La fraternité avec tous : « Nous devons nous lever et servir les plus pauvres et les plus petits ». « Amen je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 34-40). Quels moyens allons-nous prendre pour vivre cette fraternité entre nous et avec tous, en particulier avec celles et ceux qui, de diverses manières, ploient sous le poids du fardeau ?
  • L’évangélisation et l’annonce explicite du Nom de Jésus : « Nous devons témoigner auprès de nos contemporains de la tendresse de Dieu, témoigner du royaume qui vient ». Où en sommes-nous et quels moyens allons-nous prendre pour vivre cette annonce explicite de Jésus ?

Voilà chers frères et sœurs, chers amis, ces points d’attention que je tiens à vous partager et à vous soumettre en toute simplicité, en sachant que ce message me conduira très probablement à revenir vers vous au cours de cette année pastorale.

Confions ces points d’attention au cœur de tous nos projets pastoraux et missionnaires à l’intercession de Notre Dame de Lourdes, de Fatima, de Notre Dame de La Garde et de Notre Dame de Capelou.

À Périgueux, le 1er octobre 2023, en la fête de Ste Thérèse de l’Enfant Jésus

+ Philippe MOUSSET
Evêque de Périgueux et Sarlat

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