Chers frères diacres,
Je me réjouis que pour les 60 ans du rétablissement du diaconat permanent, votre ministère soit mis en valeur. Il a déjà existé dans l’Église des premiers siècles. Depuis son rétablissement, dans bien des Églises locales, il a profondément marqué le paysage ecclésial. C’est le cas de notre province et de notre diocèse. Je rends grâce à Dieu pour ce que vous accomplissez tout simplement dans votre ministère, portés par l’Esprit Saint, et je n’oublie pas d’associer à mon action de grâce vos épouses et vos familles à qui j’exprime toute ma gratitude.
J’aime relire ce passage du concile Vatican II lorsqu’il précisait l’objectif de ce ministère pour le promouvoir : « La grâce sacramentelle, en effet, leur donne la force nécessaire pour servir le Peuple de Dieu dans la « diaconie » de la liturgie, de la parole et de la charité, en communion avec l’évêque et son presbyterium ». LG 29.
J’ai conscience que 60 ans c’est beaucoup et peu à la fois. Je partage ce sentiment souvent exprimé que nous avons encore du chemin à faire pour découvrir ce ministère qui participe du sacrement de l’Ordre et en déployer les richesses. Il me semble important, dans le contexte actuel, que nous nous donnions les moyens de mieux l’appréhender afin de faire connaitre avec plus de justesse ce qu’il a de spécifique pour l’Église et le service de sa mission dans le monde. Les tentations sont, en effet, nombreuses de le regarder comme une éventuelle suppléance au manque de prêtres et de réduire sa raison d’être à ce qu’il permet de faire de plus que les fidèles laïcs ou de moins que les prêtres ! Or, c’est d’abord au ministère de l’évêque que vous êtes directement liés. Et c’est dans ce lien particulier que votre ministère trouve tout son sens au service de l’édification de
ce Corps qu’est l’Église et de sa mission. Je prends de plus en plus conscience en moi-même que nous avons ensemble à avancer, même si nous le faisons à tâtons parfois.
Cette meilleure compréhension et cette plus grande communion grandira à mesure que, sous l’action de l’Esprit Saint, nous serons toujours plus attentifs aux petits et aux pauvres, ainsi qu’à toutes ces périphéries existentielles que votre ministère porte, d’une manière particulière, au cœur de l’Église comme un appel adressé à tous à suivre et à imiter celui qui est venu non pas pour être servi mais pour servir, Jésus, Christ et Seigneur. C’est cette dynamique missionnaire qui invite l’Église, aujourd’hui comme hier, à se décentrer d’elle-même pour avancer en eau profonde et jeter les filets sur la parole du Christ.
Ces quelques réflexions fondent mon désir de contribuer à un nouvel élan du diaconat permanent dans notre diocèse. Dans ce sens, je crois nécessaire de donner une plus grande cohérence à l’appel, au discernement et à la formation en partant de notre réalité. Il s’agira de fournir à tous ceux qui seront interpelés en vue d’un possible ministère diaconal, les éléments de réflexion et l’accompagnement spirituel dont ils ont besoin. De ce point de vue, je remercie l’équipe qui, en lien avec la province et le national, a reçu cette mission. Demeurons dans une attitude de recherche pour mieux découvrir les richesses de ce ministère. Des lieux de formation et d’échanges sur le fond seront nécessaires.
Je termine en vous redisant ma profonde reconnaissance à vous, chers frères diacres, ainsi qu’à vos épouses et à vos familles. Pour marquer les 60 ans du diaconat, célébrés en même temps que le jubilé à Rome, nous aurons à réfléchir ensemble pour que ces évènements soient une occasion de retrouver le sens profond de la mission de l’Église dans la diversité de ses ministères fondés sur la grâce du baptême.
Que le Seigneur vous bénisse et que Notre Dame de Capelou garde vos cœurs ardents et joyeux au service de la mission.
Périgueux, le 19 septembre 2024
+ Philippe MOUSSET,
évêque de Périgueux et Sarlat