Germaine, c’est la Bienheureuse Marie-Céline de Nojals que l’Église honore officiellement le 30 Mai. Son village natal et le Beaumontois s’en souviennent ; au-delà, c’est un peu l’oubli. A la question de savoir pourquoi, il est parfois suggéré que l’on se sent plus proche de Madeleine Delbrel qui a eu une vie plus active dans la société.
Il est vrai qu’en apparence, elles sont bien différentes, trop rapidement classées dans la catégorie action ou contemplation.
Madeleine, s’est immergée durant de longues années dans les quartiers communistes, en tant qu’assistante sociale et missionnaire chrétienne laïque. E lle n’a jamais ménagé sa peine et ne s’est pas laissée déstabiliser par les crises qui faisaient tanguer le bateau Église, comme celle des prêtres ouvriers. Elle fut une véritable « abeille apostolique » dont on ne peut qu’admirer l’engagement aux périphéries, bien avant que l’expression ne soit familière. Elle a beaucoup écrit, des notes personnelles et des lettres qui sont un bel héritage spirituel.
Germaine Castang a traversé sa courte vie comme un vol d’hirondelle, à peine dix-neuf années sombres et lumineuses totalement abandonnée à Dieu. Sombres, car elle a connu toutes les formes de souffrance, le handicap, la misère, l’exclusion, la solitude, les deuils, la maladie… Lumineuses car son itinéraire spirituel est un chemin d’amour, d’humilité et de joie dans le Christ absolument exemplaire. Le Pape Benoît XVI qui l’a déclarée « Bienheureuse » au nom de l’Église, nous la propose comme témoin de la foi : « Modèle lumineux d’humilité et de patience qui vécut dans la joie le mystère de la Croix ». Là est tout son mérite et sa gloire, au cœur même du message évangélique.
Si elles s’étaient rencontrées, elles se seraient aimées. Elles sont quasi contemporaines (Madeleine est née sept ans après la mort de Germaine), filles du même terroir, dotées du même caractère vif et joyeux. Elles sont surtout deux « éblouies de Dieu » pour reprendre l’expression de Madeleine, et c’est cet éblouissement qu’il est essentiel de voir, d’admirer et de suivre. Elles sont avant tout deux mystiques , comme nous pouvons l’être quand nous accueillons le mystère de Dieu et le laissons agir en nous. Elles nous montrent toute la force de la vie intérieure nourrie par la prière et l’eucharistie.
Madeleine l’a rappelé dans bien des écrits : « aujourd’hui, prier est le plus grand bien que l’on puisse apporter au monde »,
« Il nous manque des gens dont la seule préoccupation soit de recevoir l’eucharistie, la grâce qui les rendra priants, immolés et donnés à leurs frères ».
Nos deux petites sœurs du Périgord sont en bonne voie pour devenir Sainte Madeleine Delbrel et Sainte Sœur Marie-Céline, qui est le nom de Germaine en religion. Germaine a été déclarée vénérable en 1957, Madeleine en 2008. Germaine a gravi une marche de plus en devenant Bienheureuse en 2007. Toutes les deux sont en attente d’un miracle reconnu par l’Église.
Est ce si important ? La course à la sainteté n’est pas une discipline olympique où les mérites des candidats sont mis en compétition.
Madeleine et Germaine, l’abeille apostolique et l’hirondelle contemplative du monastère, sont déjà gagnantes dans la catégorie des témoins de l’action de Dieu dans une âme qui s’ouvre à LUI, et là est l’essentiel qu’elles nous donnent à voir.
Danièle Gatti