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Les Chrétiennes en grève ?

Allons bon ! Voilà que des chrétiennes de Lyon, reliant un mouvement international, invitent les femmes engagées au sein de l’Église, à faire grève pour revendiquer davantage de visibilité. Il est vrai que si toutes les femmes remettent leur tablier de service en même temps, cela va se voir.

J’entends déjà les propos ironiques et indignés qu’une telle initiative va soulever, à commencer par un ami bon chrétien qui m’a dit : « Ça y est, les grenouilles s’agitent dans le bénitier ». Il se voulait drôle, je l’ai trouvé consternant. J’imagine aisément le désarroi des hommes d’église s’ils doivent récupérer d’un seul coup toutes les responsabilités assumées par les femmes, et j’avoue que cette vision provoque en moi un rire complice, comme je le faisais à l’école quand des élèves avaient eu le courage de faire la transgression au règlement dont je rêvais, sans avoir eu le courage de me joindre à elles.

Je suis d’une génération de bonnes élèves qui ont toujours fait leurs devoirs dans la joie du service sans récriminer. Je n’ai pas un sens très aigu du pouvoir et je ne suis jamais rêvée en papesse. N’empêche que je n’ai jamais été convaincue par les arguments « théologiques » qui claquent la porte au nez des femmes, dès qu’il s’agit de se réunir pour décider de l’avenir de l’Église ou participer davantage à la liturgie.

C’est à l’occasion des grandes célébrations, comme celles que nous venons de vivre à Notre- Dame que le manque de visibilité des femmes est évident. Je ne peux regarder la longue procession masculine qui s’avance vers l’autel en bon ordre hiérarchique sans me dire : « Où sont les femmes ?  Ne voient-ils pas qu’il y a là une anomalie qui appelle des changements ? ». Et j’affirme que ce n’est pas chez moi la jalousie de n’avoir pas été habillée par Castelbajac.

Ma contestation n’est jamais allée plus loin, car le Christ des Évangiles m’a toujours consolée des réformes qui ne se font pas au sein de l’Église. Comme j’aurais aimé marcher à ses côtés avec les autres femmes auxquelles il laissait toute la place dans une société où cela n’était pas évident. Et puis, il y a aussi ces figures merveilleuses de femmes dont l’expérience mystique et la sainteté ont conforté ma foi. Elles s’appellent Hildegarde, Claire, Angèle, Catherine, Thérèse…et tant d’autres dont l’expérience mystique et la sainteté éclaire la marche de l’Église, même à contretemps.

Je ne ferai pas la grève, mais je me joins avec ardeur au concert « des grenouilles qui s’agitent dans le bénitier ».  Il est grand temps de se faire mieux entendre, d’ouvrir portes et fenêtres, et « d’élargir les espaces pour une présence féminine plus incisive dans l’Église » comme l’écrit le Pape François lui-même.

Danièle Gatti

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