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Le luxe simple de l’émerveillement

A-t-on encore le droit à l’émerveillement aujourd’hui ? Dans le monde tel qu’il est on peut se poser la question, comme si l’ émerveillement n’était pas une grâce, mais une gentille manière de fuir la dureté du réel.

Pourtant Albert Einstein nous le dit : « un homme qui n’est plus capable de s’émerveiller a pratiquement cessé de vivre ». Selon lui, la plus belle expérience qui s’offre à tous, c’est le mystère, c’est de cette émotion fondamentale que naissent l’art et la science. « Qui n’est plus capable d’émerveillement traverse l’existence le regard voilé. »

Savoir s’émerveiller c’est prendre le temps de faire le pas de côté, savoir sortir du cadre pour tenter d’entrevoir l’inconnu au-delà des limites de notre compréhension.

Aller à la rencontre du merveilleux ce n’est pas rechercher le spectaculaire, le trépident ou l’excessif, c’est ne jamais déserter le point de sidération qui permet à l’âme de voir.

Pour cela il faut prendre le temps, changer de regard et porter son attention sur le presque rien, le léger, l’impalpable, l’éphémère pour atteindre une émotion vécue intérieurement comme une ouverture  du cœur.

Yvan Audouard, écrivain et journaliste bien connu dans les années 60/70, a consacré un livre à cette manière de faire le pas de côté, son titre était : « Heureux les fêlés car ils laisseront passer la lumière ».

Il y en a beaucoup qui ont été pris pour des fêlés : des poètes, des scientifiques et aussi des mystiques, ceux qui ont tout quitté pour suivre un chemin d’humilité et de service comme Saint François d’Assise ou le père Charles de Foucault. Que dire des Apôtres, ne fallait-il pas qu’ils soient eux aussi un peu fêlés pour laisser rentrer la lumière de celui qui les guida jusqu’à sa mort et sa résurrection ? Et Paul, tout guindé de certitudes et d’assurance Romaine, n’a-t-il pas fêlé l’armure pour se laisser transformer ? Le silence, la lenteur, nous aident à changer notre rapport au temps, la contemplation nous ouvre les yeux sur la beauté du monde. Véritable moteur interne au désir de vivre, l’émerveillement nous mène sur les chemins de la joie, c’est une douce ivresse des profondeurs.

Martine Noverraz

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