Ces dernières semaines, l’annonce de l’arrêt d’une ligne de production à la papeterie de Condat a provoqué une onde de choc dans notre département de la Dordogne. De fait, c’est un choc économique considérable, car la décision prise impacte non seulement l’avenir de la papeterie de Condat mais aussi celui des entreprises de sous-traitance ! Avec les graves conséquences économiques, se joue un drame humain qui touche à la reconnaissance sociale de tous les employés et de leurs familles. C’est la vie de tout un territoire qui est ainsi remise en cause avec son cortège de questions, d’inquiétudes et de souffrances. Face à cette triste réalité, nous sommes les témoins du combat légitime que mènent les employés concernés, avec le soutien des élus de tous bords et de la plupart des habitants de ce bassin d’emploi.
Même si l’Église n’a pas de solution technique à offrir, elle ne peut pas rester indifférente à ce drame humain et social. Pouvons-nous accepter sans rien dire que des hommes et des femmes qui ont contribué à un savoir-faire reconnu, se retrouvent du jour au lendemain sans emploi ?
Alors que, dans notre pays, un plan de réindustrialisation est mis en œuvre, comment comprendre la décision du groupe propriétaire de la papeterie de Condat ? Le critère de rentabilité financière doit-il être le seul critère de l’économie ? N’y a-t-il pas d’autres voies à explorer, afin que la dimension économique et financière laisse plus de place à la personne, à l’humain, ainsi d’ailleurs qu’à la sauvegarde de notre maison commune, témoignant ainsi de nouveaux progrès sociaux et écologiques dans le monde contemporain ? Ce serait un véritable sursaut qui serait salué de tous ! Pour ma part, je crois que la décision prise n’est pas inéluctable, eu égard aux différents enjeux humains, économiques, sociaux et écologiques, et plus encore à ce savoir-faire qu’il convient de ne pas perdre !
Tout en mesurant la difficulté de la situation dans un contexte national et international particulièrement tourmenté, je veux, en mon nom personnel et au nom de l’Eglise catholique en Périgord, exprimer notre proximité à celles et ceux qui sont impactés et leur témoigner de notre solidarité dans cette épreuve dont ils sont victimes.
Je souhaite, par ailleurs, que cet événement soit pour nous tous, l’occasion d’un sursaut d’humanité et de fraternité, afin que le combat des salariés de la papeterie de Condat et des entreprises qui en dépendent, porte au moins des fruits d’une plus grande justice sociale et que chacun, pour notre part, nous puissions contribuer, à la mesure de nos moyens, à l’édification d’une société plus juste et plus humaine.
Philippe Mousset
Évêque de Périgueux et Sarlat
Périgueux, le 26 juillet 2023