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Le Conservatoire Diocésain d’Art Sacré de Périgueux

par M. L’abbé Jean-Marc Nicolas,
responsable de la Commission Diocésaine d’Art Sacré
et Serge Laruë de Charlus, responsable du Conservatoire d’Art Sacré

À l’initiative de quelques acteurs diocésains et grâce à un généreux legs d’un ecclésiastique du diocèse pour la sauvegarde du patrimoine de l’Église, le diocèse de Périgueux et Sarlat s’est doté d’un Conservatoire d’Art Sacré destiné à recevoir les objets de culte temporairement non en usage et provenant des églises de Dordogne.

Il s’agit bien d’un Conservatoire, et sans doute à terme d’un espace muséographique, car ce lieu n’est volontairement pas destiné à accueillir quotidiennement du public par absence des dispositions nécessaires à cet effet. Cependant, des liens avec l’Administration Publique, les Musées et l’Université ont été établis en sorte que les objets conservés, répertoriés et identifiés, permettent l’ouverture permanente à la visite, la communication avec les paroisses, les amateurs d’art religieux et les échanges avec les étudiants.

C’est au mois de juin 2016 qu’a été inauguré, à Périgueux, un Conservatoire diocésain d’Art Sacré (CAS), à l’occasion d’un colloque sur le devenir du Sacré dans notre société.

Cette réalisation est liée à une réflexion menée localement, même s’il ne s’agit pas d’une réflexion propre au Périgord. Les nombreux objets présents dans nos églises, et notamment les petites églises des campagnes, se trouvent dans des conditions de conservation souvent défectueuses, ce qui pose la question de leur sauvegarde. S’y rajoutent les risques de vols, qui ne sont malheureusement pas rares, et parfois simplement… de mise au rebut !

D’autre part, depuis quelques années, les travaux de restauration de ces églises ont entraîné des déplacements d’objets et des disparitions…

À ces détériorations et disparitions d’objets, il faut rajouter le risque majeur de perte d’information liée à ces objets eux-mêmes. Cela concerne leur origine, leur histoire et quelquefois même leur usage… Le dépôt d’objets dans un lieu étranger à son lieu d’origine déconnecte l’objet de son rôle, de sa raison d’être, de sa vie !

Enfin, de nombreux responsables communaux ou propriétaires d’objets sacrés posent souvent la question de leur sauvegarde et de leur conservation.

Cela a conduit certains responsables diocésains à réfléchir aux réponses à apporter pour tenter une préservation des objets cultuels anciens, et même contemporains, mais hors d’usage temporairement.

La raison d’être d’un Conservatoire diocésain d’Art Sacré apparaît donc comme multiple.

C’est d’abord la nécessaire préservation de la mémoire d’une histoire de notre société ; c’est aussi la sauvegarde des modes de vie qui ont prévalu dans les siècles qui nous ont précédés ; c’est enfin la sauvegarde d’objets cultuels qui ont eu un rôle, souvent majeur, dans des temps plus anciens.

En ce sens, l’objet est un moyen de connaissance de notre société et de son histoire ; il en est aussi un témoin.

L’instauration d’un conservatoire est alors le moment où l’objet prend une allure de sujet, et cela est d’autant plus marquant et conséquent qu’il s’agit d’objets qui ont, ou qui ont eu, une valeur sacrée dans leur trajectoire…

Parce que dans la vie quotidienne l’objet est familier à son utilisateur, il n’y a pas lieu d’en expliquer l’origine ou le mode d’utilisation. Que survienne une phase de mise en attente, voire de rebut, et l’objet risque de passer entre des mains étrangères qui n’auront plus les connaissances élémentaires concernant son usage et sa raison d’être ; il devient de ce fait, un objet inutile, avec des pertes de sens en matière d’histoire de notre société.

La raison d’être peut alors se résumer en trois propositions :

  • C’est d’abord la Conservation et la Protection des objets cultuels qui lui sont confiés par le diocèse, les communes périgourdines propriétaires ou certains détenteurs privés.
  • C’est ensuite la mise en place d’outils de Communication vers le monde de la Conservation et de l’Université.
  • C’est enfin la Transmission, nécessairement enrichie, de ces mêmes objets vers les générations à venir.

Passé le cap de la réalisation pratique de ce Conservatoire, il a fallu se pencher sur la mise en œuvre des différentes exigences :

  • sécurisation du lieu et des objets conservés,
  • surveillance régulière du devenir des objets,
  • saisie informatique de façon à pouvoir être en communication avec le monde de la Conservation et de l’Université.

Se pose la question de la conservation proprement dite et de la restauration des différentes œuvres d’art, soit qu’il s’agisse d’objets protégés, c’est à dire classés ou inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, soit qu’il s’agisse simplement d’objets cultuels les plus banals.

Cela a nécessité la mise en place d’un Règlement Intérieur, puis d’un Conseil Scientifique pour assurer la qualité et la pérennité de la conservation des objets. Ce règlement précise :

  • Le rôle des acteurs du Conservatoire dans le cadre du bénévolat ;
  • les procédures générales qui président à son fonctionnement : la sécurité, la gestion de l’informatique et les conventions de dépôt pour les objets dont le Diocèse n’est pas propriétaire ;
  • enfin, la diffusion du modèle réalisé au niveau des autres diocèses de France et d’Europe par l’Association EUROPAE THESAURI (Ass. européenne des Conservateurs de Musées d’Art Sacré) dont les responsables sont membres actifs.

Reste alors le domaine des perspectives :

  • Échanges avec les autres lieux ayant en charge l’art sacré,
  • développement du site du CAS,
  • recherche de partenariat et de mécénat pour sauvegarder au mieux ces objets et permettre leur transmission vers les générations futures.

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