Appréhender le monde de l’Art, et particulièrement de l’Art Sacré, relève souvent d’un long silence, d’une éducation du regard qui devient une Écoute. Pour nous, chrétiens, nous sommes invités à prendre conscience que les expressions artistiques sont des chemins d’évangélisation.
Notre patrimoine religieux est source de découverte, dans ce temps qui cherche des médiations pour dire une attente, une quête souvent sans nom.
Admirer, voire parfois contempler la beauté d’une œuvre d’art, va au-delà de l’image ; il y a dans ce cheminement une recherche de compréhension des formes et peut-être un désir de sens. Nous sommes porteurs de sens comme nous devons être dépositaires de nos églises, de ce qu’elles donnent à voir pour que d’autres puissent y découvrir le lieu de l’expression de la foi, la foi d’une communauté vivante.
Car l’église dit l’Église, ainsi en entrant dans les pierres nous devenons nous aussi des « pierres vivantes ».
L’art du lieu, il nous précède, il nous faut l’accueillir. Il manifeste à la fois notre mémoire et notre devenir. L’espace que constitue l’église définit une proximité mais aussi une transcendance. La vie qui s’y déroule, c’est la liturgie. Qui représente la Création, et l’Incarnation d’un Dieu vivant, qui se révèle dans le temps.
Ainsi la liturgie se célèbre dans un espace « chargé » de signes, elle exprime la mémoire d’une présence active. Si nous sommes « déjà » tous dans le Christ, il n’est « pas encore » en tous. Consacrer, cela consiste à montrer que l’église manifeste le corps du Christ, la communauté rassemblée, convoquée.
L’église comme espace sacré ? je parlerai plutôt d’un espace sacramentel. Espace au cœur du monde sans confusion et sans séparation, qui montre et signifie le lieu d’une Présence indicible.
Telle est la vocation de l’Église dans ce monde, telle est la fonction de l’église : « faire voir » le Christ par ceux qui en vivent en des espaces vivants.
L’objectif de la Commission diocésaine d’Art Sacré n’a pour but que d’aider à mesurer l’importance des lieux en leur donnant une cohérence et une vie.
Il nous faut « con-sentir » au lieu. Par notre baptême nous sommes incorporés au Christ, membres de son corps qui est l’Église. Ce cheminement passe par le sensible, par nos sens. Car le sensible est bien l’état ultime des choses ; il est l’être sous sa forme ultime, sous la forme du Don.
« Vous aussi, comme des pierres vivantes, vous êtes édifiés en une maison habitée par l’Esprit, pour constituer une sainte communauté sacerdotale ». 1 Pierre 2,5.
Abbé Jean-Marc Nicolas
Historien de l’Art
Responsable de la Commission Diocésaine d’Art Sacré (C.D.A.S.)