Le Salon International de l’Agriculture (SIA) est un évènement exceptionnel. Même s’il n’est pas le reflet de toutes les réalités du monde agricole, il est indéniable qu’il lui offre une occasion en or pour mieux se faire connaitre. C’est la raison pour laquelle, notre délégation d’évêques, a souhaité se rendre sur place pour manifester aux agriculteurs notre intérêt pour leur profession, notre soutien et notre proximité dans les difficultés auxquelles ils sont confrontés pour beaucoup d’entre eux.
Dans nos diocèses de nombreux témoignages nous rappellent que le monde agricole est aujourd’hui marqué par l’inquiétude, parfois la détresse, de ces hommes et de ces femmes qui travaillent durement sans obtenir la juste rémunération de leur activité. Ils souffrent aussi d’un manque de reconnaissance de leur métier et de préjugés parfois sans nuances. Selon la déclaration du Conseil permanent des évêques de France, ce métier d’agriculteur a besoin d’être considéré par l’ensemble de la société car il est « unique et nécessaire » : ce sont les agriculteurs qui produisent les aliments dont nous avons besoin pour vivre.
La thématique de ce SIA « L’agriculture, une aventure collective » me semble particulièrement intéressante et très actuelle parce qu’elle encourage les comportements contributifs et collaboratifs, selon leur expression, coopératifs finalement pour affronter les questions vitales telle que la sauvegarde du « vivant », la sécurité alimentaire, la santé, l’environnement…. Nous voyons bien que ces défis constituent une aventure collective et nous concernent tous ! C’est aussi la mission de l’Église de participer à ce travail collectif, de mise en lien des personnes et d’organiser des espaces de paroles et de rencontres.
Comme évêque du Périgord, quand je vais à la rencontre des agriculteurs, ce qui me frappe c’est cette passion qui les anime, qui transparait dans les échanges, d’autant plus étonnante qu’elle émerge au milieu des difficultés économiques et administratives. Je perçois aussi, au cœur de ces rencontres, l’importance du dialogue, de l’accompagnement qui devient crucial dans ces changements, ces mutations, cette transition nécessaire.
Je suis témoin des efforts et des initiatives de plus en plus nombreux qui vont dans ce sens-là. Les agriculteurs ont besoin de l’aide de ceux qui les accompagnent pour « produire dans le respect de l’environnement et la recherche d’une qualité croissante, pour progresser dans les domaines de la coopération et de la mutualisation des moyens. Nous encourageons et soutenons toutes ces initiatives » (message aux agriculteurs du Conseil permanent, février 2018). Pour vivre ces exigences, surmonter les défis ils ont besoin d’humanité, de confiance, de convivialité et de fraternité. Cela fait partie de la mission de l’Église.
Quand je professe avec les chrétiens le credo en disant « Le Père tout puissant, créateur de l’univers visible et invisible », je puise ici une des raisons profondes qui me fait comprendre la nécessaire implication de l’Église pour aimer et aider les agriculteurs à trouver les voies les meilleures d’une agriculture durable et diversifiée en osmose avec le « vivant ».
+ Mgr Philippe Mousset, Évêque de Périgueux et Sarlat
Membre du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France