Propos recueillis par Jean-François Durand, diacre.
Depuis 1992, l’Église universelle célèbre tous les 11 février, fête de Notre-Dame de Lourdes, la Journée Mondiale du malade. Son thème cette année, « Qui enverrai-je ». Isaïe 6, 8 La Journée mondiale du malade se décline en un dimanche de la santé, pour rappeler que l’accompagnement des personnes souffrantes et la préservation du don de santé sont des priorités évangéliques. Cette année, le dimanche de la santé aura lieu le dimanche 9 février 2025.
« Qui enverrai-je ? »
Isaïe 6,8
Eglise en Périgord : Bonjour Stéphane JULIEN. Tu es délégué diocésain au Service de la Pastorale de la Santé. Qu’est-ce que le dimanche de la santé ?
Stéphane JULIEN : Le dimanche de la Santé existe depuis 1992, l’Église universelle célèbre tous les 11 février, fête de Notre Dame de Lourdes c’est la journée mondiale du malade et depuis le jubilé de l’an 2000 celle-ci se décline dans les diocèses en un dimanche de la santé, généralement le dimanche le plus proche du 11 février, occasion de se rappeler que l’accompagnement des personnes souffrantes est une priorité évangélique mais aussi de sensibiliser chacun à la préservation du don de la santé.
EeP : Peux-tu nous parler de la Pastorale de la Santé ?
Stéphane JULIEN : C’est un service de l’église diocésaine pour s’occuper des plus fragiles, des malades en règle générale, mais des plus fragiles, surtout. On se rappelle que c’est Matthieu qui nous a dit « lorsque vous m’avez visité, lorsque j’étais le plus faible d’entre vous »… C’est ce souci du plus faible que sur la pastorale de la santé essaye de mettre en œuvre dans le diocèse à la demande de l’Évêque, Évêque qui nomme un diocésain qui est son représentant.
EeP : Où la pastorale de la santé est-elle présente ?
Stéphane JULIEN : Elle devrait être présente partout. Mais on la voit plus régulièrement et effectivement dans les cliniques et les hôpitaux. C’est ce qu’on appelait auparavant le Service Évangélique des Malades qui consistait à aller voir les malades quand ils le demandaient. Le temps a changé, avant il y avait des visites qui se faisaient globalement du porte-à-porte au sein de l’hôpital. Depuis la loi sur la laïcité, on nous demande à ce que les personnes qui visitent dans les hôpitaux interagissent à la demande du malade et non plus spontanément.
Pour autant la Pastorale de la santé existe ou devrait exister au sein d’un diocèse ne serait-ce que le dimanche pour porter la communion aux autres, c’est-à-dire faire participer à l’Eucharistie et à la communauté tous ceux qui ont envie d’en bénéficier, des personnes qui ne peuvent pas se rendre à la messe dominicale. C’est aussi la Pastorale de la Santé. Il existe aussi dans notre diocèse « Veille Santé Clergé », une structure qui s’occupe des fragilités des prêtres ou des diacres et qui pourrait faire partie de la pastorale de la santé.
EeP : Est-ce que la pastorale de la santé est un service connu ?
Stéphane JULIEN : La pastorale de la santé devrait être connue. De fait elle l’est parce qu’on est interrogé régulièrement. J’ai été récemment appelé par une animatrice d’EHPAD au sujet de personnes qui visitaient son l’Ehpad : elle s’inquiétait de savoir si ces personnes avaient été envoyées en mission, car elle ne les connaissait pas et elle m’a demandé d’établir une convention. Donc, oui, globalement on est identifiés. Et si des personnes sont intéressées, elles appellent l’évêché qui va renvoyer vers la pastorale de la Santé, et son délégué.
EeP : En terme de communication, la pastorale de la santé est-elle visible ?
Stéphane JULIEN : La pastorale de la santé est très visible au moment des dimanches de la santé, mais aussi, pour notre diocèse, au moment du Pèlerinage de Capelou, au cours duquel une journée est réservée aux malades pour participer à cette semaine de pélerinages. Ils sont accompagnés par les personnes des établissements qui les accueillent. Il faut reconnaitre que les structures jouent le jeu en permettant à un bus adapté d’emmener ces personnes avec les accompagnants qu’il faut. C’est le moment phare de la pastorale de la Santé.
Mais il ne faut pas oublier, j’y reviens, que la communion portée à nos frères les plus fragiles devrait mettre en exergue la pastorale de la santé plus régulièrement.
EeP : À ce propos, existe-t-il un réseau pour amener la communion ?
Stéphane JULIEN : On essaie sur ma paroisse, St Jacques en Bergeracois, de remettre en place ces visites qui ont été mises à rude épreuves avec les épisodes de la COVID. Les équipes existaient mais elles se sont un peu délitées. Là, on essaie de les remettre en place. Globalement les paroisses essaient d’assurer ce service, mais elles éprouvent des difficultés, parce qu’on sait qu’au sein de l’Église les personnes engagées sont des personnes aussi fragiles, âgées qui éprouvent des difficultés pour se rendre régulièrement au domicile des personnes pour leur porter la communion.
EeP : Le COVID est un épisode qui a beaucoup perturbé ?
Stéphane JULIEN : Ça a tout perturbé. Cela a perturbé l’individu en lui-même et tous les engagements des uns et des autres. Des personnes se sont retrouvée enfermées avec elles-mêmes et se sont posé des questions : « est ce que je dois le continuer ou est-ce qu’il faut que je fasse autre chose ? » ou « est-ce que je suis fragile moi-même et est-ce que je continue cet engagement ? ».
Il faut reconnaître que sur notre paroisse, et sur beaucoup d’autres, puisqu’on est en relation avec toutes, les équipes d’accompagnement aux malades se sont complètement fissurées, pour ne pas dire qu’elles sont devenues inexistantes pour la plupart…
EeP : Le dimanche de la santé concerne les personnes malades mais également le personnel soignant… les aidants… les accompagnants… ?
Stéphane JULIEN : Principalement, c’est la journée mondiale du malade. Mais cette journée concerne aussi tous ceux qui gravitent autour du malade, bien évidement les soignants, les accompagnants et les aidants. Il ne faut pas dire qu’on n’y pense pas le reste de l’année, mais c’est à ce moment-là qu’on va y penser un peu plus. Dans certaines paroisses on fait intervenir des personnes qui sont au plus proche des malades, pour les faire témoigner de leur engagement qui peut être un dû à leur Foi, mais pas obligatoirement. On a quelques fois, notamment à Capelou, des accompagnants qui n’ont pas la Foi, mais qui sont là simplement parce qu’elles sont simplement humaines et qu’elles ont envie d’accompagner au plus près, parce qu’elles savent que cela leur fait du bien. Pour cette Journée des malades à Capelou, on donne aux accompagnants un travail, une trame qu’elles vont faire pendant deux, trois mois avant le pèlerinage. Ce sont des rencontres au quotidien, dans la semaine ou dans le mois pour préparer la rencontre de Capelou. Les soignants nous disent, qu’ils aient la Foi ou non, combien cela fait du bien à ces personnes de réfléchir à la question que l’on a décidée d’une année sur l’autre.
EeP : Quel est le thème du dimanche de la santé pour cette année 2025 ?
Stéphane JULIEN : On reprend une phrase d’Isaïe « qui enverrai-je ? ». C’est intéressant d’avoir cette idée-là notamment pour les paroisses, parce c’est une question « à qui propose-t-on d’aller vers les malades ? » ce n’est pas un engagement comme les autres. Il faut être un peu au clair avec sa propre relation vis-à-vis de la maladie, peut-être aussi vis-à-vis de la mort. On ne peut pas engager et envoyer n’importe qui. C’est important de se poser la question et d’interpeller, mais c’est aussi important de s’interpeller soi-même quand on est en responsabilité : est-ce que je suis en capacité d’envoyer quelqu’un ? Et la personne qui va répondre à cet appel, est-elle en capacité de répondre ? Encore une fois, j’insiste, n’importe qui ne peut pas faire de visite aux malades. Cela demande un minimum de formation, de réflexion sur soi-même, de la disponibilité… Ce n’est pas un engagement que l’on fait à la légère. Quand on s’engage auprès des malades, les malades, eux, sont dans une attente et dans cette envie de recevoir quelqu’un, ils ont envie que cela perdure.
EeP : Dans les paroisses, en particulier, l’enjeu pastoral invite à aller plus loin qu’une intention de prière lors des célébrations pour sensibiliser chacun sur cette mission qui incombe à tous ?
Stéphane JULIEN : L’Église Universelle a décidé d’avoir une journée, mais cette journée, devrait exister au moins une fois par mois, par trimestre. Pour penser aux malades et avoir cette interaction dont nous avons besoin avec les plus fragiles. Je reviens à Mathieu l’évangéliste « c’est lorsque j’étais le plus fragile que vous m’avez visité ». Cela me permet peut-être et j’y crois, de rencontrer le Christ quand on rencontre les personnes les plus faibles et d’avoir ce rapport de partage.
Prière du dimanche de la santé
Dieu de miséricorde,
touche-moi comme tu as purifié Isaïe
au feu de ton amour.
J’entends ton appel :
« Qui enverrai-je ? ».
« Me voici, Seigneur ».
Jésus Sauveur,
gardien et médecin de ma vie,
que je prenne soin de toi en ceux
et celles qui sont malades ou isolés.
Au souffle de l’Esprit,
je veux te reconnaître
dans mes frères et sœurs souffrants
et leur manifester ta bonté,
ta Parole réconfortante.
Tu me dis d’avancer au large
et j’ai confiance. Envoie-moi.
Carole Monmarché