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Homélie du dimanche de la Miséricorde – « Laissons le regard miséricordieux de Jésus transformer notre cœur et notre vie »

Très chers frères et sœurs,

Comme je le disais au début de cette célébration, nous sommes marqués par les conditions particulières dans lesquelles nous avons vécu la semaine sainte et Pâques… Et pourtant, dans ces circonstances difficiles  nous sommes entrés dans la joie de la résurrection.

En ce 2ème dimanche de Pâques, nous célébrons aussi le dimanche dit de la divine miséricorde. La miséricorde ne peut que favoriser cette ouverture à la joie et à l’espérance de Pâques.

La Miséricorde n’est pas seulement une prédication, elle est vraiment une règle de vie pour nous chrétiens :  » Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7).  Elle éclaire et guide notre vie chrétienne qui consiste à entrer en harmonie avec le Cœur de Dieu « riche de miséricorde », qui nous demande d’aimer chacun, même ceux qui sont éloignés, et nos ennemis, à l’image du Père et de son Fils Jésus, le Christ. Telle est la voie que Jésus nous montre : « Ne jugez pas… Ne condamnez pasremettez et il vous sera remis ; donnez et l’on vous donneraMontrez-vous compatissants, comme votre Père est compatissant » (Lc 6,36-38) ».

Ce dimanche de la divine miséricorde coïncide avec l’apôtre saint Thomas, l’un des douze apôtres choisis par Jésus. Comme il arrive parfois avec des personnes qu’on connaît, on se souvient d’elles pour leurs faiblesses, leurs limites. Lorsqu’on dit de quelqu’un qu’il est un Thomas, dans le fond, on est en train de dire qu’il s’agit d’une personne qui doute. On fait de même avec d’autres personnages bibliques : lui, c’est un Judas, un traître ; elle, une Madeleine, une pleurnicheuse.

Je trouve interpellant que Dieu, dans la Bible, appelle souvent des gens humbles, fragiles, limités, ou bien qui ont des doutes et des échecs comme Thomas.  

J’avoue que c’est très encourageant pour nous d’entendre cela. Dieu aime travailler avec des gens imparfaits, qui font l’expérience, et en retire une grande sagesse (don de Dieu), que par eux-mêmes ils n’arriveront jamais au TOP niveau de l’amour évangélique. Ils font alors cette belle expérience de la pauvreté du cœur : « Dieu ne choisit pas des gens qui pensent être capables de le suivre (St Pierre « partout où tu iras je te suivrai »), mais ce qui est sûr, c’est qu’Il rend capables de le suivre celles et ceux qu’il choisit », grâce à sa miséricorde !!! C’est le cas de Thomas et de tous les apôtres… Souvenez-vous du reniement de Pierre, par trois fois la semaine dernière lorsque nous célébrions la passion du Christ…

Il y a de l’espérance pour moi, pour chacun et chacune de nous. Dieu est prêt à nous accueillir tel que nous sommes pour nous faire grandir, pour nous « mettre à niveau ». C’est Lui qui nous élève, nous émonde. Dieu nous éduque en toute circonstance, même en ce temps de confinement. Les temps de crise sont propices à cela. Il est toujours partant pour une « mise à niveau » de notre vie. Nos limites et nos fragilités ne lui font pas peur. Il a de l’expérience pour travailler avec des gens imparfaits. C’est un expert par excellence ! Saint Pierre et Saint Thomas en sont des exemples emblématiques. Ils sont loin d’être parfaits. Ce cher Thomas a probablement passé environ trois ans de sa vie en compagnie de Jésus, à l’écouter, à le voir agir, à prier avec lui et à l’accompagner dans ses rencontres avec les personnes et les foules qu’il côtoyait. Et pourtant … !

Et pourtant, lors de la résurrection de Jésus, Thomas doute : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » Huit jours plus tard, lorsque Jésus arrive de nouveau parmi ses disciples et qu’il invite Thomas à mettre son doigt dans son côté, pour constater que c’est bien lui et qu’il est vivant, Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Il croit.

Nous comprenons à la lumière de l’évangile pourquoi l’Eglise ressent fortement l’urgence d’annoncer la miséricorde de Dieu à tous, au-delà de nos communautés. Dans la Bible, il y a une phrase – du prophète Isaïe – très belle, qui dit : « Une maman peut-elle oublier son enfant ? (même s’il s’est détourné de l’éducation reçu). Mais si une maman oubliait son enfant, moi (Dieu), je ne t’oublierai jamais » (cf. Is 49,15). Tel est l’amour de Dieu pour nous, pour toute l’humanité. Il ne veut qu’aucun ne se perde, même celle ou celui qui s’égare et s’éloigne…

La manière qu’a Jésus de regarder Thomas, l’incrédule, le retourne intérieurement. Thomas fait l’expérience de ce nouveau regard de Jésus posait sur lui, celui de la miséricorde. Ce regard de Jésus qui le transforme et lui apporte la paix se traduit par un cri de son cœur : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Laissons-nous, frères et sœurs, regarder par le Christ. Il nous regarde autrement, c’est-à-dire avec miséricorde : un regard qui nous invite à sortir de nous-mêmes tels que nous sommes, un regard qui nous fait naître à une vie nouvelle, un regard qui transforme et transfigure notre vie. Alors, il nous devient possible de vivre autrement la souffrance et la mort, la nôtre et celle d’autrui, ainsi que le confinement.

Alors le message de salut devient message de fraternité. Notre cœur s’élargit pour nous permettre de penser et d’agir à partir du Christ et non plus seulement à partir de nous-mêmes.

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