« Convertissez-vous et croyez à l’évangile ». C’est maintenant.
Bienvenue à vous tous, frères et sœurs, pour entrer en ce temps de carême 2025, en choisissant avec la grâce de Dieu de faire de cette démarche spirituelle qui nous est proposée une chance, un temps favorable de renouvellement ; c’est à dire d’encouragements, de réconfort, un temps qui fortifie, qui console, qui stimule, et éviter ainsi de nous laisser enfermer dans ce qui attriste, irrite, de nous laisser embarquer par des sentiments qui jalousent, convoitent, dénigrent et deviennent obstacles au cheminement joyeux vers Pâques, notre objectif commun.
Oui, c’est aujourd’hui le moment favorable, nous dit saint Paul. Et au moment de ce départ, une parole nous est offerte, celle du Seigneur Jésus qu’il adresse à chacun : « Convertissez-vous et croyez à l’évangile ». Non comme une parole nous contraignant d’abord à une liste de résolutions pour perfectionner sa conduite, dont notre expérience nous murmure déjà que nous serons incapables de les tenir. Mais alors, qu’est-ce qu’Il veut nous dire par cet appel ? A chacun d’entendre la manière dont peut résonner en lui cette parole. Cependant, ce qui est sûr c’est qu’IL nous invite en ce mercredi des cendres, dès le départ de notre marche à regarder déjà vers où nous allons : en regardant et contemplant les bras ouverts du Christ crucifié, en nous disant, laisse-toi sauver encore et encore, parce que la Pâques de Jésus n’est pas un évènement du passé, mais par la puissance de l’Esprit-Saint, elle est toujours actuelle. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils unique pour le sauver » et non pour le condamner.
Alors chers amis, acceptons sans hésitation le geste de l’imposition des cendres sur le front. Tous marqués des cendres, jeunes et moins jeunes, quels que soient nos situations et nos responsabilités, nos engagements.
Pourquoi des cendres ? Parce que les cendres nous rappellent notre humanité, nos fragilités liées à notre condition humaine… Le monde et nous-mêmes sommes déjà marqués par ces cendres. Nous sommes tous fragiles, nous nous le disons dès le départ. Pourquoi alors ces cendres encore ? Pour nous rappeler que dans notre propre cœur nous sommes traversés parfois par l’esprit de vengeance ou de jalousie, par l’esprit du chacun pour soi, par l’esprit de résignation ou de fatalisme, tous les à quoi bon et nous en disons des à quoi bon. A quoi bon se battre, à quoi bon s’engager, à quoi bon être chrétien, a quoi bon réfléchir ensemble pour se mettre au service de l’annonce de l’évangile aujourd’hui pour tous !
Alors chers amis n’hésitons pas ! En route, laissons-nous entraîner par le Seigneur Jésus lui-même, mort et ressuscité, toujours vivant dans cette marche que nous propose le carême en vue de Pâques. Portons-nous les uns et les autres. Nous n’allons pas le vivre seul, mais ensemble. Prenons cette décision ce soir de nous soutenir et de nous aimer, de nous encourager pendant ce temps de carême, de nous encourager les uns les autres, de développer la fraternité entre nous.
En cette année jubilaire, je vous partage deux brefs passages du beau message du pape pour ce carême : « En ce Carême, Dieu nous demande de vérifier si dans notre vie, dans nos familles, dans les lieux où nous travaillons, dans les communautés paroissiales ou religieuses, nous sommes capables de cheminer avec les autres, d’écouter, de dépasser la tentation de nous ancrer dans notre autoréférentialité et de nous préoccuper seulement de nos propres besoins. Demandons-nous devant le Seigneur si nous sommes capables de travailler ensemble, évêques, prêtres, (diacres) personnes consacrées et laïcs, au service du Royaume de Dieu ; si nous avons une attitude d’accueil, avec des gestes concrets envers ceux qui nous approchent et ceux qui sont loin… » Puis, « Grâce à l’amour de Dieu en Jésus-Christ, nous sommes gardés dans l’espérance qui ne déçoit pas (cf. Rm 5, 5). L’espérance est l’ancre de l’âme, sûre et indéfectible. C’est en elle que l’Église prie pour que « tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,4) ». En priant pour notre pape François très affaibli, bon carême à tous. Amen !
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Philippe MOUSSET
Evêque de Périgueux et Sarlat