Suite aux évènements tragiques qui ont endeuillé des familles et éprouvé notre pays, au début du mois de janvier, nous avons été nombreux à réaffirmer notre attachement au droit à la liberté d’expression.
De fait, cette liberté est d’autant plus précieuse que bien des hommes et des femmes, dans le monde, en sont aujourd’hui privés… Et, pour que tous y aient droit, certains le paient de leur vie !
Cependant, après le temps de l’émotion légitime, vient celui de la réflexion. Si la liberté d’expression est effectivement reconnue comme l’un des droits de l’Homme (Cf. Déclaration des Droits de l’Homme de 1948, article 19), peut-elle être posée comme un absolu ?
En d’autres termes, si le droit d’exprimer librement nos idées, nos convictions, nos croyances est un bien, sommes-nous autorisés à en user (et dans une certaine mesure à en abuser !) au détriment du respect dû à celles et ceux qui ne pensent pas, ne croient pas comme nous ?
De fait, un vivre ensemble au sein de nos communautés humaines n’est possible que si la liberté d’expression de chacun fait droit au nécessaire respect des personnes et de leurs différences, en vue du bien de tous.
C’est à ce niveau-là que nous avons à mener un combat, pour que toute personne soit reconnue, écoutée et respectée dans ce qu’elle a d’unique, et cela, sans perdre de vue l’apprentissage d’un vivre ensemble qui passe par la reconnaissance et la défense de ce qui nous est commun.
Chrétiens, disciples de Jésus-Christ, nous reconnaissons en lui, dans la lumière de la foi, le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu… Une Parole dont la liberté n’a jamais donné prise au mépris, à la dérision, au soupçon, à la rumeur ou encore à l’indifférence… Une Parole qui s’est fait proche de tous pour permettre à chacun de naître dans l’Esprit à la liberté de cet Amour qui recherche par-dessus tout et sans se lasser le bien de l’autre et des autres.
N’est-ce pas de cette liberté dont nous avons à témoigner au sein de nos communautés chrétiennes, par notre qualité d’écoute des autres, par notre souci de favoriser l’expression de chacun en vue du bien de tous, par notre attention sans cesse renouvelée les uns aux autres ? N’est-ce pas cette liberté dont nous avons à être, avec tous les hommes de bonne volonté, les témoins et les défenseurs en ce monde, pour rendre visible l’Amour du Père manifesté en Jésus-Christ et apprendre dans l’Esprit à nous aimer les uns les autres comme Jésus nous a aimés ?
“Donc tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi.” (Matthieu, 7, 12)
P. Thierry Niquot, vicaire épiscopal pour le Périgord Centre