Après le temps pascal, nous voici revenus au temps dit “ordinaire”, appelé également temps de l’Eglise. Ce temps est celui pendant lequel les chrétiens sont invités à célébrer non plus telle ou telle dimension du mystère du Christ (sa naissance, sa mort, sa résurrection…), mais au contraire la plénitude de ce mystère.
Autrement dit, chaque dimanche, devenu “ordinaire”, se présente en fait comme un condensé de la vie même du Christ ; vie sur laquelle tout chrétien doit calquer la sienne pour grandir et s’épanouir et faire ainsi grandir l’Eglise ! Ce temps est celui de la croissance ; croissance de la vie de chaque chrétien, croissance de l’Eglise. C’est pour cette raison que le vert en est la couleur liturgique.
Pourtant ce temps voit de nombreux chrétiens délaisser la pratique dominicale, estimant avoir fait l’essentiel en ne pratiquant qu’aux grandes fêtes ! Leur comportement s’apparente à celui de beaucoup de nos contemporains qui n’ont le sentiment d’exister qu’en vivant des événements extra-ordinaires. Ne peut-on y voir l’influence néfaste de notre société où il faut « faire le buzz » si l’on veut exister ?
Mais peut-on être chrétien sans « faire mémoire », chaque dimanche, de ce qui est au cœur de notre foi, à savoir ce lien existentiel qui nous unit au Christ mort et ressuscité et qui doit constituer l’ordinaire de nos vies ? Comme nous l’a rappelé le Pape François, dans son homélie du 13 mai dernier, « un chrétien sans mémoire n’est pas un vrai chrétien : c’est un homme ou une femme prisonnier du moment ».
Si nous ne voulons pas être des “prisonniers du moment”, il nous faut construire, jour après jour, une véritable histoire avec le Christ ! Car il n’y a pas de croissance de la vie chrétienne ou de la vie de l’Eglise sans histoire ! Il n’y a pas de croissance sans mémoire !
Abbé Jean-Michel BOUYGUES
Vicaire Général
Publié dans Eglise en Périgord N°12 – 2013