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Mon témoignage sur le Concile – Par Gabriel Marc

[gn_heading style= »2″]Pour saluer la mémoire de ce grand serviteur de l’Évangile et de l’Église que fut Gabriel Marc, nous vous proposons ici son dernier texte publié dans Église en Périgord en Septembre dernier où il nous livrait son témoignage de l’événement vécu de l’intérieur.[/gn_heading]

 

Eh oui ! Jeune trentenaire à l’époque, j’ai fréquenté par deux fois, en 1964 et 1965, les coulisses du Concile.

En 1964, appelé à des responsabilités nationales dans l’ACI, j’ai participé à la création de l’Internationale de ce mouvement d’Action catholique. Pour le développer, nous avons eu de nombreuses rencontres avec des évêques du monde entier, par groupes ou individuellement. Parmi ces derniers se détachent pour moi quelques figures : l’évêque indochinois de Dalat, celui d’Halifax au Canada, celui de Yaoundé au Cameroun, celui de Tournai en Belgique qui s’est présenté ainsi : « je suis l’évêque de Tintin », et surtout l’évêque chilien social de Talca, Mgr Larrain, dont le propos m’a poursuivi toute ma vie et encore maintenant.1

En 1965 je suis allé plusieurs fois le matin, avant la tenue de la congrégation du jour dans le vaste vaisseau de Saint-Pierre, assister à l’arrivée des Pères qui remplissaient peu à peu les travées, élevées pour eux dans la Basilique : impressionnant spectacle qui permettait de faire de nouvelles connaissances.

Invité par un évêque français au Séminaire Français où les deux tiers des Français étaient logés, j’ai été appelé à la table des cardinaux, Lefebvre de Bourges, Richaud de Bordeaux, Martin de Rouen, tout en rouge ! Ils se sont mis en frais pour moi, mais j’ai bien senti que leur pensée était ailleurs : le Concile allait se terminer et le texte de Gaudium et Spes faisait encore difficulté et n’était pas voté.

J’ai aussi assisté dans Saint-Pierre à la cérémonie de promulgation par le Pape Paul VI de la Constitution sur la révélation et du Décret sur l’apostolat des laïcs.Les quelques centaines de personnes admises comme moi étaient derrière l’autel de la Confession et Paul VI nous tournait le dos. En revanche je pouvais voir en enfilade tous les plus de deux mille évêques et, dans des tribunes, des ambassadeurs chamarrés, des auditeurs invités, etc. Saint-Pierre, dont les marbres me paraissent d’habitude si tristes, était fortement éclairé. Nous étions à l’aplomb de la coupole et il faisait un soleil ardent qui baignait de lumière dorée le transept. J’ai alors ressenti comme palpable, physique, la présence de l’Esprit-Saint qui planait sur cette assemblée d’Eglise. J’en garde une marque vive.

On ne s’étonnera pas dans ces conditions que j’aie “contracté” l’esprit du Concile. Ce Concile qui affirme d’emblée de l’Eglise qu’elle est sacrement, signe et moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité  de tout le genre humain (L.G. 1), qu’elle est un peuple uni dans la vérité et la sainteté L.G. 9), un ferment de la fraternité universelle (G.S. 3 § 2), une Eglise compatissant aux joies et aux espoirs, aux tristesses et aux angoisses des hommes, surtout des pauvres (G.S. 1). C’est l’Eglise vue ainsi que j’ai voulu servir tout au long de ma vie dans mes différents engagements au nom du Christ ressuscité, entre autres la Présidence des Commissions Justice et Paix d’Europe et celle du CCFD-Terre Solidaire, de manière que l’idéal conciliaire devienne réalité.

 

Gabriel MARC

Groléjac près de Sarlat

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