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« La rencontre avec le Ressuscité devient en nous, Chemin, Vie et Vérité » – Homélie du dimanche 10 mai

Frères et sœurs, chers amis,

C’est avec les apôtres Thomas et Philippe que nous allons cheminer en ce 5ème dimanche de Pâques. Nous allons nous inviter dans ce dialogue qui s’instaure entre eux et Jésus pour mieux en saisir les enjeux pour nous aujourd’hui. Tout d’abord il y a une belle familiarité et même un climat de liberté et de vérité qui transparait entre Thomas, Philippe et Jésus. Comment ne pas y être sensible ? Donc Thomas et Philippe commencent par écouter l’enseignement de Jésus qui les prépare à son départ, nous l’avons entendu : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en Moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon vous aurai-je dis : « je pars vous préparer une place ? » « Je pars mais je reviendrai pour vous emmener avec moi…  Pour aller là où je vais, vous connaissez le chemin ». Et Thomas, avec son tempérament réactif bien connu dans l’évangile ne se fait pas attendre pour réagir : « nous ne savons pas où tu vas, comment pourrions-nous savoir le chemin ? ». L’audace de Thomas dans ses questions, nous vaut cette belle réponse de Jésus que nous ne cessons de méditer au fil du temps : « Moi je suis le Chemin, le Vérité et la Vie ».

Ce que je retiens pour moi et que je partage avec vous, si vous voulez bien, c’est que nous pouvons nous reconnaitre en Thomas, Philippe et imaginer que le Seigneur nous parle de la même manière. Thomas, qui vit quasiment au quotidien avec Jésus, le suit, le regarde, l’écoute, OSE demander à Jésus des explications quand il ne comprend pas. Et croyez bien, que devant les autres, ce n’était pas facile d’oser demander à Jésus des explications alors qu’il les a déjà enseignés sur ce sujet. Chers frères et sœurs, nous aussi, il nous arrive souvent de ne pas comprendre l’évangile, la Parole de Dieu. Ayons le courage de dire dans notre prière : Seigneur je ne te comprends pas, écoute moi, aide moi à comprendre. Avoir à la fois cette franchise et cette humilité dans notre manière de prier et de parler à Jésus, porte toujours du fruit.

Reconnaitre nos pauvretés, nos limites comme Thomas et Philippe devant Jésus et avec Jésus, n’a rien de dégradant, bien au contraire, il y va d’un processus source de vie. C’est extrêmement libérant. Il y a là une véritable libération qui nous conduit à une vraie connaissance de soi, qui nous donne la paix intérieure. Se mettre dans cette attitude intérieure de disponibilité à se laisser rejoindre dans la vérité de ma vie, là où je suis vraiment, ça libère pour se mettre en route, en mouvement vers la vie, hors de toute illusion ! En vérité, c’est Jésus lui-même qui nous permet, dans sa rencontre avec lui, grâce à sa présence à nos côtés, d’aller à cette profondeur de notre vie.

Je pense à l’évangile du Bon Pasteur et du Bon Berger de dimanche dernier, où Jésus dans sa bonté suscite en nous la confiance, et devient de ce fait même, le seul qui peut accéder au plus intime de chacun de nous, à notre liberté la plus intérieure. Lui seul, par le mystère pascal (sa mort et sa Résurrection, celui qui s’est abandonné jusqu’à l’extrême par amour pour nous…) peut nous rejoindre, chacune et chacun de nous sans nous faire aucun mal et ouvrir à chacun le chemin du retour vers le Père, qui se révèle un chemin de vie, plein de vie… Même faible, fragile, avec un petit signe de repentir, au moins un peu, et tout repart et tout devient possible. « Ce   qui est impossible à l’homme, est possible à Dieu ».

Lui, Jésus, et lui seul, nous donne un accès à nous-mêmes qui nous permet d’entrer et de sortir et de trouver un pâturage. Comprenons-le bien : ni le pouvoir politique ni le pouvoir économique ni le pouvoir culturel, ni même, il faut l’entendre, le pouvoir religieux, ne peuvent prétendre accéder ainsi à l’intime de chacun. Seul le peut celui qui est mort pour nos péchés et ressuscité pour notre vie et qui a reçu du Père le pouvoir de donner son Esprit-Saint à chacun de ceux ou de celles qui viennent à lui.

Le Ressuscité a été capable de rejoindre Pierre, Thomas et Philippe, les disciples d’Emmaüs dans leurs fragilités,  il est capable de nous rejoindre sur nos chemins même chaotiques, imparfaitspour transformer nos fermetures en ouverture, notre tristesse en joie, nos duretés en tendresse … nos peurs en confiance…et que sais-je encore ! Mais Osons même petitement, même peu, une démarche de reconnaissance de notre besoin d’être sauvé par l’expérience d’être aimé, d’avoir besoin de son amour, de son pardon, de sa miséricorde et tout peut changer dans notre vie… C’est ainsi que des transformations en ce monde sont possibles …. Signes du Royaume à venir !

Tous nous avons une place dans le cœur de Dieu, parce qu’il nous connait chacune et chacun, il sait de quoi nous avons besoin et il peut nous donner le vrai pain dont nous avons faim : Lui, sa présence, son amour livré en nourriture unique pour chacun, et universel pour tous.

Telle est bien la force de Dieu : orienter vers le bien et vers la vie tout ce qui nous arrive, même les choses tristes, même ce que nous vivons dans le confinement. Ce moment de  notre histoire que nous vivons n’est pas une parenthèse. Dieu, en son Fils Jésus Christ, Ressuscité, a choisi de rejoindre notre vie pour la conduire à son accomplissement. Alors, avançons dans la confiance et l’espérance mais en prenant toute notre part, sans crainte et avec joie. Amen !

+ Philippe Mousset, évêque de Périgueux et Sarlat

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