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Homélie du Jeudi Saint 2020

« En servant nos frères et sœurs, nous communions au corps du Christ »

Jeudi saint 2020 / Jeans 13, 1-15 (lavement des pieds)

Frères et sœurs, chers amis,

Tour d’abord ma pensée se tourne vers mes frères prêtres en ce jour où d’ordinaire nous vivons la rénovation des promesses sacerdotales, jour de fête. Je pense aussi aux diacres dont ce jour est aussi renouvellement des promesses de leur ministère. J’étends à tous et toutes cette salutation fraternelle. Nous célébrons ce soir ce moment si important du repas de la Cène du Seigneur avec ses disciples,  et l’invitation à refaire cela, en mémoire de lui. Nous faisons mémoire du dernier repas du Seigneur alors que nous-mêmes ne pouvons vivre celui-ci et communier au Corps et au Sang du Christ. C’est une grande souffrance pour nous tous de ne pouvoir nous rassembler et partager un même pain. C’est une souffrance d’être privé de ce pain eucharistique qui affermit nos vies et celle de notre communauté paroissiale. Même si nous pouvons nous unir à la célébration eucharistique célébrée chaque jour par les prêtres et communier spirituellement, nous ne pouvons pas nous habituer à cette manière particulière et ponctuelle de vivre la liturgie eucharistique. Cela reste une souffrance, une faim que nous ressentons, un manque que nous vivons.

Mais cette souffrance de ne pouvoir participer sacramentellement à l’eucharistie, peut être l’occasion d’en creuser plus profondément le sens qu’elle représente pour moi et pour l’ensemble du peuple de Dieu indissociablement. Pensons à ceux et celles qui en sont éloignées pour différentes raisons, dont parfois le risque en est, dans certains pays, la persécution.

La liturgie de ce soir nous donne à contempler le geste du lavement des pieds au cours de ce repas que le Christ a voulu partager avec ses disciples. « Comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout » écrit saint Jean. En Jésus, l’amour de Dieu, se donne à voir dans ce geste tout simple du lavement des pieds. « Qui me voit, voit le Père » dira Jésus. En cet homme, qui s’est dépouillé de ses vêtements pour revêtir le tablier du serviteur, c’est Dieu lui-même qui se laisse voir. La présence de Dieu se manifeste dans un geste bien réel, un geste humble et si simple du lavement des pieds. Dieu lave les pieds des disciples, et c’est ainsi qu’il nous dit sa présence.

Résonne encore les paroles de Jésus dans l’évangile de saint Matthieu : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ses petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Chaque fois que nous choisissons en effet de nous approcher du petit, du faible, du pauvre, du malade, du prisonnier, chaque fois nous nous approchons du Christ, chaque fois, c’est le Christ que nous rencontrons, c’est en sa présence  bien réelle que nous nous tenons. Et ce que nous célébrons alors ce soir, en cette circonstance particulière dû au confinement, s’éclaire d’une manière nouvelle.

Le Christ est réellement présent lorsque je me fais serviteur de mes frères. Chaque fois que je choisis de faire de ma vie un don pour les autres, chaque fois je peux goûter la présence du Ressuscité. Le pape François le disait si bien dans son homélie le jour des Rameaux : Les vrais héros, qui apparaissent ces jours-ci ne sont pas ceux qui ont une renommée, par l’argent et le succès, mais ceux qui se donnent eux-mêmes pour servir les autres. Ceux-là ont déjà touché quelque chose du Royaume des frères et sœurs, ceux-là sont en présence du Christ Ressuscité, parce que la vie est un don qui se reçoit en se donnant. Entendons bien cette parole : La vie est un don qui se reçoit en se donnant. Il s’agit ici de la vie du Christ mes amis, celle-là même qu’il nous donne dans ce dernier repas. Cette vie-là nous pouvons la recevoir en nous donnant à notre tour, comme lui-même s’est donné. Incroyable !

ll s’agit alors frères et sœurs de devenir véritablement une offrande pour nos frères. Chaque fois que nous nous faisons serviteur en revêtant le tablier du Christ serviteur, nous devenons une hostie vivante pour nos frères. Nous comprenons aujourd’hui en ce jeudi saint, que le sacrement de l’Eucharistie est indissociable du sacrement du frère. Si nous avons faim du pain eucharistique, nous devons avoir faim de devenir jour après jour serviteur de nos frères. En servant nos frères et sœurs, nous communions au Corps du Christ. Et puisque nous ne pouvons recevoir en ces temps le corps eucharistique, nourrissons-nous du Corps du Christ dans l’amour de nos frères et sœurs. Nous y puiserons une source de vie intarissable.

Ainsi en accomplissant au cours de ce repas ce geste du lavement des pieds, le Christ veut se rendre présent à nous, en toute circonstance. Même privé du sacrement de l’Eucharistie, il nous est toujours possible de recevoir la présence du Ressuscité, dans ce sacrement du frère. Décidément le Seigneur avait tout prévu pour que jamais nous ne nous sentions abandonnés de lui. Vraiment, « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. »

Amen !

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