Colloque diocésain d'Art Sacré
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Un colloque dédié à l’art sacré

Le jeudi 29 juin, le diocèse de Périgueux et Sarlat accueillait dans l’amphithéâtre Jean Moulin de Périgueux son premier colloque dédié à l’Art Sacré. Organisée par la Commission diocésaien d’Art Sacré, dirigeé par le Père Jean-Marc Nicolas, cette journée de réflexion sur le statut des reliques au XXIème siècle, avait pour thème : « REGARD SPIRITUEL SUR L’OBJET ET SON DEVENIR MATÉRIEL ». D’éminents spécialistes se sont succédés tout au long de cette rencontre pour des échanges de haute tenue à la fois spirituelle et scientifique. (Article publié dans le numéro 14 du bulletin diocésain Église en Périgord daté du 16 juillet 2016)

L’organisation de ce colloque s’est imposée en forme d’inauguration du nouveau Conservatoire Diocésain d’Art Sacré de Périgueux.

Ce conservatoire en gestation depuis quelques années se propose de sauvegarder les objets d’art sacré qui se trouvent bien souvent en perdition dans les différents lieux du diocèse. Il n’est cependant pas habilité à recevoir du public et donc, très naturellement, l’inauguration d’un tel lieu prit la forme d’un colloque, car c’est un évènement rare que l’ouverture d’une semblable réalisation diocésaine.

La raison d’être d’un conservatoire diocésain d’art sacré est multiple :

  • C’est d’abord la nécessaire sauvegarde d’une histoire de notre société ; c’est aussi la sauvegarde de modes de vie qui ont prévalu dans les siècles qui nous ont précédés ; c’est enfin la sauvegarde d’objets cultuels qui ont eu un rôle, souvent majeur, dans des temps plus anciens. En ce sens, l’objet est un moyen de connaissance de notre société et de son histoire ; il en est aussi un témoin.
  • L’instauration d’un conservatoire est alors le moment où l’objet prend une allure de sujet, et cela est d’autant plus marquant et conséquent qu’il s’agit d’objets qui ont, ou qui ont eu, une valeur sacrée dans leur trajectoire…
  • Parce que dans la vie quotidienne l’objet est familier à son utilisateur, il n’y a pas lieu d’en expliquer ni l’origine, ni le mode d’utilisation. Que survienne une phase de mise en attente, voire de rebut, et l’objet risque de passer entre des mains étrangères qui n’auront plus les connaissances élémentaires concernant son usage et sa raison d’être ; il devient, de ce fait, un objet inutile, avec des pertes de sens en matière d’histoire de notre société.
  • La raison d’être d’un conservatoire d’art sacré peut alors se résumer en quatre propositions ; outre la Conservation et la Protection des objets cultuels qui lui sont confiés, c’est la mise en place d’outils de Communication vers le monde de la Conservation et de l’Université, et enfin c’est la Transmission, nécessairement enrichie, de ces mêmes objets vers les générations à venir.
  • Alors que très rapidement après son arrivée à Périgueux, Monseigneur Philippe MOUSSET avait invité la Commission Diocésaine d’Art Sacré à mettre en route une réflexion concernant le statut des reliques dans notre société, la Commission décida, sous la direction du Père Jean Marc NICOLAS, d’adopter ce thème pour le colloque inaugural du Conservatoire.

Le sujet du colloque retenu fut donc « Le statut des reliques au XXI° siècle ».

La laïcisation des objets cultuels, si fréquente à notre époque, soulève de nombreuses questions tant parmi les populations pratiquantes que chez les professionnels de la conservation des œuvres d’art.

Cette manifestation inaugurale fut donc plus particulièrement dirigée à l’attention des chrétiens chargés de la préservation des objets cultuels et des conservateurs professionnels détenteurs de tant d’objets sacrés. Cette orientation explique le choix des intervenants retenus pour cette journée, tous professionnels de la conservation des objets d’art.

Remarquons que nous vivons des temps bien paradoxaux, puisque au jour où l’objet, dans la vie quotidienne, se trouve investi d’une nouvelle caractéristique d’ « obsolescence programmée », et au moment où l’on tente de supprimer l’enseignement de l’Histoire au cours de la formation de nos jeunes générations, où, en un mot, notre société qui se définit comme « moderne » se voudrait sans passé et sans histoire, quasi « hors-sol », en même temps cette société cultive, comme jamais elle ne l’a fait, les lieux d’histoire et les musées.

Cependant, nous ne pouvons accepter qu’un objet passant de la vie active, en l’espèce le culte, au rangement ou à la conservation, s’accompagne d’une perte de signification. Or tous changements de destination, réaménagements, transformations, ré-installations ou nouvelles présentations, ne peuvent pas ne pas avoir de conséquences sur les objets eux-mêmes.

Ainsi donc, les collections du Conservatoire doivent représenter une mémoire de notre passé ; c’est un capital qu’il convient de préserver et de promouvoir pour les générations à venir.

Le Conservatoire Diocésain d’Art Sacré, et son colloque inaugural, doivent être considérés comme une œuvre diocésaine ;  c’est une expérience périgourdine, et originale à plus d’un titre, mais nous la voudrions évolutive et inter-diocésaine.

Serge LARUE de CHARLUS
Responsable du Conservatoire

Ouverture du colloque par Mgr Philippe Mousset

“Merci à tous de votre présence pour participer à ce colloque autour de la thématique « Regard spirituel sur l’objet et son devenir matériel ». Sujet qui, faisant appel à l’histoire et à la mémoire, dans une société incertaine qui se cherche, curieusement, suscite un intérêt certain parce qu’elle fait appel à l’histoire et la mémoire. Mes visites pastorales dans l’ensemble du diocèse confirment cet intérêt, ce profond attachement à l’histoire et à la mémoire par la conservation du patrimoine tant au niveau des édifices que des objets religieux les plus divers.

Devant l’augmentation croissante de petites églises de campagnes quasiment fermées toute l’année, face à la recrudescence de cambriolages, à la prise de conscience de la richesse de notre patrimoine religieux, la Commission diocésaine d’Art Sacré, confrontée également à l’arrivage massif d’objets religieux les plus divers… a dû prendre diverses décisions en lien avec des partenaires multiples pour créer un Conservatoire Diocésain d’Art Sacré à Périgueux.

Le rôle et la fonction de ce conservatoire sont bien d’un conservatoire et non d’un dépôt. Il ne s’agit pas de figer les objets religieux dans leur passé, mais bel et bien de les faire vivre en en faisant un lieu de mémoire, d’histoire et de recherche de sens concernant ces objets religieux.

Si l’intérêt d’un tel colloque nous paraît évident, c’est parce que nous en percevons l’enjeu par les questions qui se posent, des questions importantes, voire fondamentales. Le risque est bien de figer ces objets et même ces édifices religieux dans le passé. Des « musées qui deviennent des cimetières » pour reprendre l’expression d’un des intervenants ; ou encore : le titre du Sud-Ouest concernant la Félibrée qui attire les foules et qui aura lieu à St Aulaye, où nous serons, « la félibrée est-elle culturelle ou bien nostalgique du passé ? » C’est-à-dire passéiste ! Cette question me semble pertinente pas seulement pour la Félibrée ! Comment le cultuel et le culturel peuvent devenir partenaires authentiques pour tout un travail d’éducation : pour faire valoir en tout être humain l’expérience du beau et de ce qui peut l’éveiller à ce qui le dépasse, à l’ouvrir de l’intérieur à plus grand que lui, à l’éveiller à sa capacité d’engendrer du neuf ! L’extérieur qui tient par l’intérieur !

D’où l’idée de ce colloque et de sa pertinence. Et je remercie vivement le père Thierry Niquot, Vicaire épiscopal du Périgord centre, ainsi que la Commission d’Art Sacré de l’avoir mis sur pied.(…) Je vous remercie très vivement en votre nom à tous, et au nom du diocèse, pour avoir accepté de répondre à notre invitation.“

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