Image de Service Communication

Service Communication

Vœux de Mgr Philippe Mousset

Chers amis,

Je suis heureux de pouvoir, en ce début d’année nouvelle, vous présenter mes vœux. Je le fais, en étant conscient de l’anxiété, de l’angoisse qui colorent le quotidien de bien des personnes, ici et à travers le monde, eu égard au contexte social, économique et bien évidemment au terrorisme qui, à tout moment, peut tristement, tragiquement, frapper et faire basculer la vie d’hommes et de femmes dans la mort, la souffrance et la peine. De ce point de vue, l’année 2015 a été marquée par des moments sombres et douloureux. Mais il y a eu aussi des moments lumineux, étonnants et imprévisibles, qui ont manifesté ce que nous portons de meilleur.

Ainsi, qu’il me soit permis de remercier celles et ceux qui travaillent, nuit et jour, au service de notre sécurité et de notre protection : militaires, gendarmes et policiers, pompiers et soignants. Ces remerciements soulignent que, même si l’actualité nous porte souvent à voir ce qui ne va pas, il y a toujours et encore des personnes qui, dans l’exercice de leur métier, mais aussi par leurs différents engagements, consacrent leur énergie à faire du bien aux autres.

Il me semble que l’année de la Miséricorde, dans laquelle nous sommes entrés, a été voulue par le pape François comme un temps favorable pour que l’humanité blessée puisse justement renaître à l’espérance. « Dans nos paroisses, les communautés, les associations et les mouvements, en bref, là où il y a des chrétiens, dit le pape, quiconque doit pouvoir trouver une oasis de miséricorde ».1 Cette citation souligne la responsabilité de tous les chrétiens appelés à témoigner en paroles et plus encore en actes que « le nom de Dieu est miséricorde ».

Le terme « miséricorde » n’est surtout pas à interpréter comme une forme de condescendance. La miséricorde est ce nom qui traduit l’Etre même de Dieu, tel qu’il se manifeste dans la Bible… Un Dieu qui rejoint l’homme, tous les hommes, dans leurs misères pour les réconforter, les guérir, les faire passer des ténèbres à la lumière, de la mort à la Vie.

Pour nous, chrétiens, ce nom de Dieu a un visage dans notre histoire, celui de Jésus-Christ.

N’est-ce pas ce qui nous conduit, chrétiens de toutes confessions, en cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, à « proclamer les hauts faits de Dieu » ? N’est-ce pas la miséricorde de Dieu telle qu’il l’a révélée dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus qui nous appelle, chrétiens de toutes confessions, « à faire l’expérience d’ouvrir le cœur à ceux qui vivent dans les périphéries existentielles les plus différentes, que le monde moderne a souvent créées de façon dramatique » ?2

Je voudrais, ce soir, saluer le travail de toutes les associations et de celles et ceux qui se dépensent, parfois sans compter, pour l’accueil et l’accompagnement des migrants et des réfugiés. Je pense aussi à la « cellule référence migrants » qui a été constituée, en concertation avec les pouvoirs publics, avec la participation des associations concernées (confessionnelles et non confessionnelles), pour coordonner l’accueil des migrants et des réfugiés.

Je voudrais saluer les deux familles irakiennes et chrétiennes qui sont au milieu de nous, ce soir. Après avoir été chassées de Karakosh en Irak, lors de la prise de la ville par Daesh, elles ont trouvé refuge, dans des conditions précaires, à Erbil, avant de pouvoir être accueillies ici en Périgord grâce à l’action des membres de l’association « Chrétiens d’Orient Périgord ».

Ce que ces familles et les réfugiés en général subissent nous rappelle à tous, quelles que soient nos croyances et nos convictions, la situation de ces hommes, de ces femmes, de ces jeunes et ces enfants qui ont été contraints de fuir leur pays, de renoncer à la vie qu’ils menaient jusqu’alors, à cause de la guerre, de la violence, de la persécution, de l’injustice. C’est dire combien nous avons à essayer de tout mettre en œuvre, dans un esprit de concertation et d’attention, pour que les réfugiés et les migrants soient accueillis, ici comme ailleurs, dans des conditions respectueuses de leur dignité, de leurs droits et de leur histoire, et cela, dans le respect du cadre légal.

Dans le texte qui annonce le Jubilé de la Miséricorde, le pape François rappelle que « La valeur de la miséricorde dépasse les frontières de l’Eglise [et qu’elle est notamment] le lien avec le Judaïsme et l’Islam qui la considèrent comme un des attributs les plus significatifs de Dieu ».3 Autrement dit, toute personne qui dit croire en Dieu ne peut être qu’un homme, une femme de paix, et donc de miséricorde. Seule une forme idéologique et pervertie de la religion a la folle prétention de rendre justice au nom de Dieu, en massacrant délibérément des personnes sans défense ! Personne n’est en droit d’user et d’abuser du nom de Dieu pour commettre l’injustice car « le nom de Dieu est miséricorde ». Nous l’avons rappelé avec force à l’occasion de la messe célébrée dans la cathédrale St Front, après les attentats du 13 novembre… Une messe qui a rassemblé des croyants en Dieu de toutes les religions et des hommes et des femmes de bonne volonté !

Avec le pape François, je souhaite donc « que cette année jubilaire, vécue dans la miséricorde, favorise la rencontre avec ces religions et les autres nobles traditions religieuses. Qu’elle nous rende plus ouverts au dialogue pour mieux nous connaître et nous comprendre ». 4

A ce sujet, je voudrais annoncer que j’ai confié à l’abbé Jean-Louis Favard la mission de constituer une équipe qui proposera, le moment venu, à notre Eglise diocésaine des pistes pour favoriser concrètement le dialogue inter-religieux.

Il me semble, en effet, important que les religions, toutes les religions, puissent apporter, dans la société française, et plus particulièrement ici en Périgord, leur contribution à un « mieux vivre ensemble » respectueux des différences, dans un climat de dialogue et de paix.

Chers amis,

Ma deuxième année dans ce beau département de la Dordogne, comme évêque de Périgueux et Sarlat, me permet de vérifier de bien des manières la tradition d’accueil et de bien vivre qui est attachée au Périgord. Je n’oublie pas que cette terre est aussi connue pour être l’un des berceaux de l’humanité, le pays de l’homme.

Je me prends parfois à rêver que ce berceau devienne un véritable laboratoire pour l’avenir de l’humanité… Non seulement au niveau des technologies de pointe, telles qu’elles vont être mises en œuvre avec le grand projet « Lascaux IV » qui devrait ouvrir ses portes à l’automne de cette année… Mais aussi et surtout un laboratoire qui contribue à faire advenir une société au sein de laquelle toute personne puisse être reconnue dans ce qu’elle a d’unique et donc, dans ce qui la différencie des autres, et, ce faisant, une société au sein de laquelle toute personne ait d’abord à cœur de travailler et de s’engager en vue du bien de tous. Ce rêve, je le constate, rejoint, pour une part, la réalité, ici, en Périgord.

Ainsi, je voudrais rendre hommage à l’engagement et au travail de tous les élus, de ces hommes et ces femmes qui, dans un souci d’écoute et de proximité, sont au service de la cohésion sociale et donc de notre bien à tous ! Je tiens aussi à les remercier pour la qualité des relations que nous entretenons, dans le respect des différences et de la laïcité à laquelle l’Eglise reste très attachée.

Je ne vous apprends rien si je vous dis que la Dordogne est un département rural et que, comme tel, il est marqué par les réalités du monde agricole. Ma formation et mon itinéraire m’ont largement sensibilisé aux réalités et aux difficultés du monde agricole. Ma responsabilité et ma mission d’évêque de ce beau diocèse du Périgord me conduisent donc à demeurer attentif aux joies et aux peines, aux souffrances et aux espoirs du monde rural. Pour cette raison, je vais adresser un message à tous les agriculteurs périgourdins pour leur manifester le soutien et la proximité de notre Eglise diocésaine, dans un contexte de crise profonde et complexe. Car, comme cela a été souligné dans le cadre du Conseil Pastoral diocésain, si les problèmes des agriculteurs ont leurs particularités, ils nous concernent tous dans la mesure où ils rejoignent nos propres inquiétudes face aux enjeux de la mondialisation et aux processus de l’économie de marché qui semblent trop souvent privilégier les profits au détriment de l’humain ! (trop chosifié, considéré comme un objet)

Dans tous les cas, c’est la mission de l’Eglise, de tous les chrétiens, de participer, d’une manière ou d’une autre, même modestement, au travail de liens entre les personnes qui est l’une des priorités des diverses organisations existant dans le monde agricole.

Je cite ici le pape François qui, dans l’encyclique Laudate si (Loué sois-Tu !), appelle tous les hommes de bonne volonté à développer l’écologie intégrale pour la sauvegarde de la maison commune et de ce qui est faible, fragile : «  Si nous approchons de la nature et de l’environnement sans cette ouverture à l’étonnement et à l’émerveillement, si nous ne parlons plus le langage de la fraternité et de la beauté dans notre relation avec le monde, nos attitudes seront celles du dominateur, du consommateur ou du pur exploiteur de ressources, incapable de fixer des limites à ses intérêts immédiats. »5

N’est-ce pas l’un des enjeux de la COP21, permettre au plan mondial, national et local, des avancées significatives pour la protection et la défense de cette terre qui, selon les mots du pape François, est notre maison commune.

Il me semble que la sauvegarde de la maison commune nous engage aussi à veiller à l’entretien du patrimoine, notamment sur cette terre du Périgord qui peut s’enorgueillir de la richesse et de la diversité de son patrimoine, et en particulier de son patrimoine cultuel.

Dans cette œuvre de sauvegarde et de valorisation, dont l’intérêt culturel et économique n’échappe à personne en Périgord, je voudrais saluer la qualité de la collaboration entre l’Etat, les élus, les responsables de la DRAC (architectes, conservateurs…), les différents partenaires associatifs, les affectataires, les membres de la Commission diocésaine d’Art Sacré et de la Pastorale du tourisme.

A travers la création du Conservatoire diocésain d’Art Sacré qui sera inauguré au début du mois de février, l’Eglise catholique en Périgord est heureuse de pouvoir contribuer, grâce à la Commission diocésaine d’Art Sacré, à la préservation et à la transmission d’une partie de ce patrimoine cultuel, et, ce faisant, de le rendre accessible à des projets d’études en lien notamment avec l’Université de Bordeaux.

Chers amis,

Depuis quelques mois, j’ai proposé à notre Eglise diocésaine le projet « Nominations et mission ». Il me semble, en effet, important que nous prenions la mesure des changements intervenus dans notre Eglise diocésaine pour repréciser ensemble, dans la diversité de nos vocations et de nos états de vie, les contours de la mission que nous sommes appelés à vivre ici en Périgord. A travers les réponses que vous m’avez envoyées et que j’ai pris le temps de lire, je sais que vous en avez compris l’enjeu.

Comme je m’y suis engagé, j’annoncerai au cours de la messe chrismale du 22 mars à 18h00 à la cathédrale St Front les nominations de prêtres pour le service de la vie et de la mission des communautés chrétiennes, des mouvements et des Services. Et je remercie dès à présent ceux qui ont répondu aux appels que je leur ai adressés.

Mais, l’annonce de ces nominations ne mettra pas un terme à notre réflexion pastorale et missionnaire ! Car, je souhaite que chaque nomination soit l’occasion pour les communautés chrétiennes concernées, et plus largement pour toutes les communautés, de préciser les priorités missionnaires afin que l’Evangile soit annoncé à tous.

Dans le contexte actuel, ici en Périgord, riches de tout ce qui a été semé, conscients de nos fragilités et de nos pauvretés, comme disciples et témoins de Jésus-Christ, nous avons à devenir toujours plus inventifs, à l’écoute de l’Esprit Saint, pour partager avec tous ce beau trésor qu’est l’Evangile. Parce que nous en sommes convaincus au plus profond de nous, dans l’accueil de l’Evangile, dans l’amitié avec Jésus-Christ se dévoilent réellement les grandes potentialités de la condition humaine en vue du bien de tous !

Je souhaite que cette année nouvelle, placée sous le signe de la miséricorde de Dieu, nous aide à avancer sur le chemin de la mission qui reste d’une étonnante actualité pour le monde et pour le Périgord.

Dans cette perspective, je veux saluer avec joie et reconnaissance l’engagement des catholiques qui, par leur présence généreuse et désintéressée, participent à la construction d’une société plus juste et plus fraternelle, dans la vie publique, dans de nombreuses associations, dans des mouvements apostoliques, dans des œuvres caritatives. Et vous ne m’en voudrez pas de souhaiter un bon anniversaire au Secours Catholique qui fête, cette année, ses 70 ans !

Je salue avec joie et reconnaissance l’engagement des catholiques qui, dans les paroisses, les Services, les Mouvements, au sein de l’Enseignement Catholique, dans les aumôneries de collèges et de lycées, sont au service de la vie et de la mission de l’Eglise, avec les prêtres et les diacres.

Je n’oublie pas l’engagement d’un certain nombre de catholiques dans l’accompagnement des personnes âgées, des personnes malades, au sein des aumôneries de maisons de retraite et d’hôpitaux. Je voudrais aussi saluer le travail de proximité accompli par les membres des équipes d’aumôneries des trois établissements pénitentiaires de notre département.

Je mesure que l’une des grandes richesses de notre Eglise se manifeste dans le bénévolat d’un grand nombre de personnes qui, simplement et efficacement, se donnent, parfois sans compter, au service de la vie et de la mission de notre Eglise diocésaine.

Je salue avec joie et reconnaissance les prêtres et les diacres à qui je redis ce soir mon amitié et mon affection reconnaissante pour le ministère qu’ils exercent dans un esprit de service et d’attention aux personnes. Au cours de l’année 2015, notre Eglise diocésaine a eu la joie d’accueillir un nouveau prêtre dans la personne de Nicolas Jean-Luc. Nous n’oublions pas Pierre Plantier, séminariste à Bordeaux, et nous l’assurons de notre prière et de notre amitié dans sa préparation au ministère de prêtre.

Notre Eglise diocésaine a la chance de s’enrichir du ministère de 9 diacres permanents. Leur ministère nous est précieux pour nous apprendre à servir la fraternité dans la mission. Aussi sommes-nous appelés à soutenir de notre amitié et de notre prière ceux qui se préparent à ce beau ministère.

Je salue avec joie et reconnaissance les religieuses, religieux et consacrées. Le dimanche 31 janvier, à la cathédrale St Front, nous célèbrerons avec eux la clôture de l’Année de la Vie Consacrée. Cette clôture ne constitue pas pour autant une fin. Elle est un appel à découvrir, redécouvrir, la grandeur de la vie consacrée qui manifeste humblement la proximité de Jésus-Christ, là où des religieuses, des religieux, des consacrées vivent un ministère de présence auprès de tous.

Je ne serai pas complet si j’oubliais de dire que dans notre monde, la mission de l’Eglise nécessite des moyens concrets. Ces moyens, l’Eglise ne les reçoit d’aucune subvention, ni de l’Europe, ni de l’Etat, pas même du Vatican. Elle les reçoit de la générosité de tous ceux qui participent au denier de l’Eglise (anciennement denier du culte).

Je tiens à remercier tous les donateurs qui, grâce au travail de sensibilisation et de clarification de l’Econome diocésain et de son équipe, sont toujours aussi nombreux à soutenir la mission de l’Eglise catholique et à manifester ainsi leur attachement au service qu’elle rend.

Malgré la générosité dont témoignent bien des personnes, il nous faut pourtant souligner une baisse significative du Denier de l’Eglise pour l’année 2015. Souhaitons que, pour l’année à venir, cette baisse puisse être enrayée grâce à de nouveaux donateurs. Car, on n’a beau croire au ciel, l’argent ne tombe pas du ciel !

Voilà, chers amis, j’en ai presque fini. Il me reste à vous souhaiter une bonne année, dans la paix et la confiance. Oui, puissions-nous nous aider à avancer sur ce chemin, conscients qu’en notre monde la paix reste fragile mais qu’elle n’est pas hors de portée.

Je souhaite qu’en cette année de la Miséricorde, nous puissions, dans la diversité de nos convictions et de nos croyances, passer cette porte de la Miséricorde pour mieux apprendre à vivre sous le signe de la fraternité, de l’amitié partagée et de la solidarité. Bonne année à tous !

Je ne peux pas terminer sans évoquer cette belle victoire du Trélissac Football Club contre Lille et me réjouis avec tous les supporters et passionnés de sport.

Philippe MOUSSET
Evêque de Périgueux et Sarlat

1 Pape François, Bulle d’indiction du Jubilé de la Miséricorde, avril 2015, n°12.

2 Ibid., n°15.

3 Ibid. n°23.

4 Ibid. n°23.

5 Pape François, Encyclique “Loué sois-Tu“, mai 2015, n°11.

Partager cet article