Tous les mois de novembre, les forains sont présents à Bergerac. En ce mois de décembre, les voici à Périgueux : pendant un mois, leurs métiers sont installés sur les Allées de Tourny. Ils sont heureux d’être accueillis au cœur de la ville et ainsi de contribuer à l’ambiance de Noël.
C’est une évidence : quand on est forain ou circassien, on circule beaucoup, on traverse villes et villages, départements, régions… Pour aller porter la joie, la fête un peu partout. C’est important de chasser tant de morosité !
Mais les Artisans de la Fête traversent aussi l’Histoire. D’abord, l’histoire de la famille : pour la plupart, le voyage et la profession sont un héritage des parents, des grands–parents, depuis des générations. Et si les forains sont croyants c’est parce que grands-parents et parents ont assurés la transmission de la foi. Mais les forains sont aussi héritiers d’une longue histoire… Citons deux grands noms : Eugénie Bonnefois et François Haguenin .
UNE FORAINE PIONNIÈRE
Eugénie Bonnefois est née en 1829 et son décès remonte à 1914. À 18 ans, foraine, elle savait tout juste signer son nom. Elle a appris toute seule à lire et écrire, et elle a fondé la toute première école foraine. À sa suite, beaucoup de religieuses ont longtemps continué son action. Et finalement, si l’aumônerie existe, c’est aussi grâce à elle ! Elle a réuni les enfants pour faire le catéchisme. Elle est allée trouver l’Évêque de Rouen en 1887 pour lui réclamer « une paroisse » pour les forains et elle sera créée l’année suivante. Et puis ce sera à Orléans, au Mans…
FRANÇOIS HAGUENIN, JÉSUITE
Vers 1933, il est chargé de faire le catéchisme aux petits forains de la Saint Martin d’Angers. C’est le début de sa connaissance du monde forain. Il réunit les jeunes à la manière de la Jeunesse Ouvrière chrétienne. Les forains l’ont réclamé comme aumônier. Ils sont dû insister et même faire des pétitions -auprès du supérieur des jésuites et des évêques. « Nous sommes des chrétiens comme les autres, disent-ils, nous voulons un prêtre. Nous formons une paroisse mouvante de 40000 âmes et cette paroisse est sans pasteur ».
AUJOURD’HUI
L’aumônerie poursuit sa route. Elle est un élément du « Service national de la pastorale des migrants et des personnes itinérantes ». Avec les forains, il y a les gens du voyage, les migrants, la Mission en ce monde maritime et la batellerie.
Aux côtés du Père Bernard Bellanza, aumônier national, il y a les aumôniers provinciaux. Avec plusieurs foraines, ils se retrouvent régulièrement pour faire vivre l’aumônerie et répondre aux questions qui se posent.
En ce moment se prépare le pèlerinage des forains à Lourdes du 8 février au 12 février prochain. Ce sera un rendez-vous important de forains de toute la France, un temps fort plein de joie et d’amitié au cours duquel seront célébrés divers sacrements.
L’aumônerie des Artisans de la fête et des Gens du cirque continue de répondre au désir des forains « avoir des aumôniers au service de leur grande paroisse mouvante ».
Jean-Claude Peteytas, diacre, aumônier provincial