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Message pastoral de Mgr Philippe Mousset

« Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit ! » (Gal. 5,25)

Alors que nous sortons par étapes du confinement imposé pour lutter contre la propagation du coronavirus et que nous nous réjouissons de la levée progressive des contraintes sanitaires, je désire vous adresser ce message pour prendre le temps de regarder avec vous l’avenir qui semble se dessiner.

La dimension spirituelle de la vie chrétienne et de la mission

Il y a quelques semaines, nous avons célébré la Pentecôte. Cette Solennité revêt un caractère particulier, car elle atteste de l’accomplissement de la Pâque du Seigneur Jésus, de sa mort et sa résurrection, dans le don de l’Esprit Saint qu’il fait à ses disciples et au monde. Ainsi, celles et ceux qui reçoivent l’Esprit Saint sont introduits dans la lumière du Ressuscité, et ils en sont transformés, peu à peu, dans leur manière d’être et de vivre. Les Apôtres ont vécu cette expérience bouleversante. Certes, Ils ont continué à connaitre des hauts et des bas, à rencontrer des obstacles, mais, dans le souffle de l’Esprit, leur vie a trouvé une orientation nouvelle et décisive. Nous aussi, nous traversons des épreuves et nous affrontons des tempêtes. Nous sommes confrontés à de nombreux défis qui nous dépassent ! Mais, à travers tous les aléas liés au contexte actuel, aux conditions de vie et à nos personnalités, nous sommes appelés à nous laisser aller à l’Esprit Saint pour que nos vies, ainsi que la vie et la mission de l’Église, y trouvent un élan et un souffle nouveaux.

Depuis la célébration de la Pentecôte, nous sommes entrés, avec la liturgie de l’Église, dans le Temps ordinaire, comme pour mieux nous rappeler que c’est dans l’ordinaire de nos vies que nous sommes invités à partager notre joie d’avoir célébré le Christ ressuscité et d’avoir reçu le don de l’Esprit Saint pour annoncer l’Évangile à tous et permettre à celles et ceux que nous rencontrons de l’accueillir et d’y reconnaître un chemin de libération et de salut, une source de vie. Telle est notre mission de baptisés. Et dans cette période où tant d’hommes et de femmes ont été bouleversés et impactés par la pandémie que nous subissons, nous croyons que l’Évangile est, plus que jamais, une lumière à faire briller pour tous ceux qui ont l’impression de marcher dans les ténèbres.

Mais, comment pouvons-nous annoncer l’Évangile en ces temps où les crises sont multiples, qu’il s’agisse de celle liée à la pandémie, ou encore à la sécularisation, ou aux enjeux de la bioéthique, ou aux défis de la pauvreté et des migrations, ou aux abus sexuels ? Comme le Pape François nous l’a rappelé dans son Exhortation apostolique, la Joie de l’Évangile, « pour maintenir vive l’ardeur missionnaire, il faut une confiance ferme en l’Esprit Saint, car c’est lui qui « vient au secours de notre faiblesse » (Rm 8, 26) […] Il n’y a pas de plus grande liberté que de se laisser guider par l’Esprit, en renonçant à vouloir calculer et contrôler tout, et de permettre à l’Esprit de nous éclairer, de nous guider, de nous orienter, et de nous conduire là où il veut. Il sait bien ce dont nous avons besoin à chaque époque et à chaque instant. » (N° 280). Sans la force de l’Esprit, nous prenons le risque de nous laisser décourager et paralyser par nos pauvretés et nos fragilités face à l’immensité des défis ! « Vous allez recevoir une force, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins » (Ac 1, 8).

Je vous invite à accueillir cette parole et cette promesse du Seigneur ressuscité comme un nouvel élan dans votre vie et votre mission de baptisés, ici, en Périgord !

Car nous voyons bien que nous ne sommes pas plus forts que les apôtres ! Comme pour eux, c’est la place que nous ferons à l’Esprit Saint, en nous, dans nos communautés, nos paroisses, nos mouvements, nos services, notre Église diocésaine, qui donnera un souffle nouveau à la vie chrétienne et à la mission. La fécondité, la croissance, la paix, le pardon, la joie : tout cela, nous disent les Écritures, c’est l’œuvre de l’Esprit Saint. Telle est donc la grande priorité : promouvoir et développer la dimension spirituelle au cœur de notre vie chrétienne, pour nous enraciner dans le Christ et nous laisser habiter et transformer par son Évangile.

C’est à cette condition que nous pourrons vivre dans la confiance la dimension apostolique de l’Église, parce que, portés par l’Esprit Saint, nous serons rendus capables d’aller jusqu’au Christ pour toujours mieux repartir de lui. Car c’est lui qui, aujourd’hui comme hier, nous envoie dans ce monde, avec ses grandeurs et ses misères, avec ses richesses, ses pauvretés et ses contradictions, dans ce monde qui semble parfois perdu, angoissé et où se mêlent le bon grain et l’ivraie, de belles expériences de solidarité et de grandes injustices, dans ce monde qui aspire pourtant à une vie plus harmonieuse, plus authentique, plus respectueuse de l’environnement et qui, de multiples manières, cherche le bonheur tout en peinant à trouver le chemin de la paix. C’est bien dans ce monde-là que le Christ nous envoie et nous précède.

Mais, comment oublier que l’annonce de l’Évangile requiert en même temps, que nous nous fassions proches de ces hommes et de ces femmes vers lesquels le Seigneur nous envoie, afin de pouvoir discerner et reconnaître l’œuvre de l’Esprit Saint dans leurs vies, au-delà des seules apparences. Car, c’est lui, l’Esprit, qui fait jaillir l’espérance là où le mal et la violence semblent régner en maîtres. C’est lui qui nous rend capables de voir l’invisible et de nous tenir à l’écoute des germes du monde nouveau que la résurrection du Christ produit partout ! Et, c’est toujours une grande joie de le découvrir à l’œuvre, là-même où nous aurions pu le croire absent, et d’être ainsi les témoins étonnés et émerveillés de cette nouvelle naissance dont il est le maître d’œuvre dans le cœur et la vie de ces hommes et de ces femmes que nous pensions loin de Dieu.

La dimension fraternelle

Je pense encore à cette fête de Pentecôte et à ce que Mgr James, Archevêque de Bordeaux, écrivait récemment : « L’Esprit Saint aime, assiste, inspire, stimule notre Église. Il donne à chacun en pensant à tous ! Il diversifie ses dons sans diviser. Il unifie sans uniformiser… et tout cela pour le service de la mission ». Ainsi, l’Esprit Saint est Celui qui actualise et rend possible la mise en œuvre du commandement nouveau de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».

Dans nos communautés et dans tous nos lieux de vie, nous sommes appelés à manifester concrètement cet amour dont le Seigneur nous a comblés, en apprenant notamment, dans le souffle de l’Esprit, à reconnaître nos différences pour qu’elles deviennent une source d’enrichissement et de complémentarité en vue du bien de tous !

Car, nous le savons, c’est à l’amour que nous aurons les uns pour les autres que le monde pourra reconnaître que nous sommes les disciples et les témoins du Seigneur ressuscité. Et, nous croyons qu’en tenant nos cœurs ouverts à l’Esprit Saint, le Seigneur nous rend capables de vivre de cet amour dont il nous a aimés et dont il aime tous les hommes.

L’Esprit suscite donc et fortifie la communion fraternelle entre nous. Les dons faits à chacun, ceux que nous avons reçus et ceux que nous pouvons reconnaître chez les autres, ces dons nous introduisent dans une relation de fraternité, de partage et de communion qui va bien au-delà de l’affection que nous pouvons éprouver pour certains plus que pour d’autres ! Oui, la fraternité est le grand critère de vérification de notre vie chrétienne, de notre attachement au Seigneur, de notre communion à sa vie donnée. Alors, avec la grâce de Dieu, conscients de nos fragilités, habités par l’Evangile du Christ et portés par l’Esprit Saint, servons ensemble la fraternité.

Et je vous invite à cultiver et à promouvoir cette dimension fraternelle et spirituelle dans toutes vos rencontres et vos réunions, à favoriser et à développer la vie de ces fraternités qui, à travers les groupes de réflexion et de partage, de prière, d’accompagnement des personnes et de solidarité, existent déjà ! Je vous invite à les ouvrir à de nouvelles personnes et à en créer de nouvelles partout où cela sera possible. Toutes ces petites cellules fraternelles reliées au Christ et à son Évangile, ainsi que les unes aux autres, vivant du don de l’Esprit Saint, attentives à la vie de notre monde, redonneront de la vitalité à l’Eglise.

La synodalité au cœur de la démarche missionnaire

Jusqu’à Pentecôte 2023, nous allons nous organiser pour nous relier les uns aux autres comme membres d’une même Eglise, pour nous aider à marcher ensemble, dans le respect des rythmes différents. Car nous le croyons et nous en sommes témoins : l’Esprit œuvre en chacun de nous, dans nos paroisses et nos diverses communautés, dans les services, les mouvements et les commissions. Il œuvre au sein de notre Église, et son action la déborde de bien des façons. Nous allons chercher ensemble, pas à pas, à nous mettre à l’écoute de ce que nous dit l’Esprit Saint, pour le service de la vie et de la mission de notre Eglise. Pour nous y aider, nous accueillerons le prochain Synode des Évêques convoqué tout récemment par le Pape François qui aura précisément pour thème : « Pour une Église synodale : communion, participation et mission ». Le Pape veut, en effet, engager toute l’Église dans cette démarche. Et, pour ce faire, chaque diocèse de l’Eglise catholique sera consulté. J’y vois là une chance pour notre diocèse, dans la mesure où la volonté du Pape rejoint notre Eglise dans sa propre démarche missionnaire.

Nous pouvons, dès à présent, retenir la date du dimanche 17 octobre 2021 : une célébration sera organisée dans tous les diocèses du monde, et donc aussi dans notre diocèse, pour marquer le début de cette aventure synodale qui ne vient pas en concurrence de ce que nous vivons ! Bien au contraire, nous recevons cette initiative comme un don de l’Esprit Saint qui doit nous stimuler dans notre propre démarche missionnaire engagée depuis 2019.

Alors que l’Église célèbre la Nativité de saint Jean-Baptiste, unissons-nous davantage encore dans la prière et demandons les uns pour les autres, les uns avec les autres, la grâce d’une véritable conversion intérieure, pour renaître d’en haut et pour que, poussés par l’Esprit Saint, nous puissions témoigner de l’éternelle nouveauté de l’Evangile.

+Philippe MOUSSET,
Evêque de Périgueux et Sarlat
À Périgueux, le 24 juin 2021

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