Annie Garrigue
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Annie Garrigue, responsable des aumôneries en milieu hospitalier

Depuis 17 ans, Annie Garrigue apporte soutien et écoute aux plus fragiles d’entre nous. Avec le soutien du Père René Michon, accompagnateur spirituel du service, elle parcourt jour après jour le département de la Dordogne dont elle visite les 70 EHPAD. Elle revient sur son parcours et sur ce qui la motive encore aujourd’hui.

Eglise en Périgord : Annie, quelle est la mission des aumôneries en milieu hospitalier ?

Annie Garrigue : Avant tout être là pour ceux qui en ont besoin. Les malades, bien sûr, mais aussi ceux qui les entourent. Environ 450 bénévoles composent les équipes d’aumônerie en centre hospitalier.

E. P. : Les équipes d’aumônerie sont-elles la même chose que les membres de SEM (Service Évangélique des Malades) ?

A. G. : Pas tout à fait : théoriquement on parle de SEM pour tout ce qui concerne les visites à domicile. Pour ceux qui œuvrent en milieux hospitalier, on devrait parler d’équipes d’aumônerie… Mais comme je l’ai dit, il s’agit de théorie, en réalité la terminologie varie d’une paroisse à une autre…

E. P. : Comment se portent les équipes d’aumônerie, aujourd’hui ?

A. G. : Plutôt bien, tout en étant conscients de nos limites : certains des 450 bénévoles sont présents depuis 20 ans. Grâce à ce dévouement que je salue et pour lequel je suis reconnaissante, nous arrivons à rester présents auprès de ceux qui en ont besoin… Songez que certaines bénévoles font aussi des visites à domicile, tout en assurant le catéchisme et en étant impliquées en équipes funérailles ! Heureusement, nous comptons aussi de nouvelles recrues qui cherchent à se mettre au service des malades, poussées par leur foi.

E. P. : La réalité des EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) que l’on continue à appeler « Maisons de retraite » est-elle la même aujourd’hui que lorsque vous avez commencé ?

A. G. : Les choses ont beaucoup changé. Le public des EHPAD est constitué de personnes âgées ayant souvent des pathologies lourdes. Ce sont la plupart du temps des personnes qui arrivent en fin de vie après avoir passé le plus de temps possible chez elles : elles ont besoin de soins importants. L’âge moyen en EHPAD est aujourd’hui de 86 ans… Il y a 15 ans en maison de retraite il y avait un taux de 30% d’invalides, aujourd’hui c’est un taux de 10 % de valides.

E. P. : Vous avez dû vous adapter ?

A. G. : Nous avons suivi le mouvement : c’est pour cela que nous suivons et que nous prodiguons des formations régulières. La place de la maladie d’Alzeimher au sein des EHPAD, par exemple, s’est considérablement accrue… Nous avons dû nous adapter à l’évolution de la dépendance, apprendre à gérer la non-communication, parfois, ou une communication différente, faite de touchers, de regards, de sourires, nous sommes souvent dans le non-dit… Tous ne peuvent verbaliser leurs angoisses face à la maladie et à la fin de vie… Nous sommes là pour écouter ceux qui en ont besoin et prendre le temps nécessaire à la rencontre pour que les gens se racontent…

E. P. : Vous sillonnez les routes de Dordogne tout au long de l’année, il y a cependant aussi des temps forts…

A. G. : Oui, il y en a deux : notre journée diocésaine annuelle, qui se déroulera à la salle du Lux, à Périgueux, le 6 mai prochain, au cours de laquelle nous réunissons les bénévoles qui peuvent se déplacer. Mais il y a aussi et surtout les deux journées de pèlerinage diocésain à Capelou. Ce sont 50 établissements et près de 1000 personnes qui se rendent à Notre-Dame de Capelou sur deux journées. C’est toujours un moment intense où nous essayons d’apporter de la joie aux pèlerins.

E. P. : Est-ce que vous avez une méthode particulière ?

A. G. : Non, je n’ai pas de méthode ! Vous savez, j’ai coutume de dire qu’il y a 70 établissements en Dordogne et que chaque directeur est un ami. Je crois beaucoup au dialogue, à la rencontre sincère.

E. P. : Après 17 années au service des malades, qu’est-ce qui vous motive encore ?

A. G. : Avant tout la rencontre avec la personne âgée, le malade ; cet aspect de l’humanité qui nous amène à nous dépouiller du superflu… Le sourire de ces gens qui sont vrais et, paradoxalement, « sains ». Leurs peurs, leurs angoisses face à la douleur et à la mort sont aussi les miennes. Ce sont ces rencontres qui me construisent au quotidien. Ça, et bien sûr ma foi qui se trouve fortifiée au contact de ceux qui sont en situation de faiblesse…

Le Père René Michon, sp.
Le Père René Michon, sp.

E. P. : Vous êtes-vous sentie soutenue au cours de ces années ?

A. G. : Oui, tout d’abord par le Père René Michon, l’accompagnateur spirituel du service, qui en réalité fait bien plus puisqu’il m’aide aussi pour tout ce qui est administratif, envoi de courrier ou autre.

Je voudrais aussi dire un mot au sujet de ceux que j’appelle affectueusement « mes évêques », Mgr Gaston Poulain, un homme d’écoute et un frère et Mgr Michel Mouïsse qui a toujours été là, qui m’a soutenue, remotivée et aidée. Avec Mgr Mouïsse j’ai passé 10 années de partage et d’écoute. Il m’a toujours laissée libre et je tiens à lui rendre un hommage chaleureux et sincère. Je ne connais pas encore bien Mgr Philippe Mousset mais j’ai confiance en ses qualités de cœur…

J’ai aussi bénéficié au cours de ces années du soutien sans faille du Père Jean-Michel Bouygues, le vicaire général. Plus récemment j’ai travaillé en collaboration avec le vicaire épiscopal à la solidarité, le Père Jean-Louis Favard. Enfin,  je voudrais aussi saluer un nouveau venu au sein des hopitaux, Alain Schott, nouvel aumônier de l’hôpital de Périgueux.

E. P. : Que souhaiteriez-vous dire au communautés paroissiales ?

A. G. : Ne baissez pas les bras ! N’ayez pas peur et soyez dans l’espérance. Gardez ce souci de la rencontre avec les personnes âgées, nous devons rester debout !

E. P. : Que peut-on vous souhaiter ?

A. G. : De continuer à aller vers les autres et de garder mon cœur d’enfant. De toute façon je ne sais pas faire autrement, je ne pourrais pas fermer mon cœur !

Propos recueillis par C. Foucher pour Église en Périgord
(article publié dans le numéro 3 de l’année 2015)

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