Service Communication

Service Communication

« LA VOCATION PROPHÉTIQUE DE MADELEINE DELBRÊL »

Présentation du livre "Ville marxiste, terre de mission" de Madeleine Delbrêl par Jean-Claude Peteytas.

ville_marxiste« C’est à travers le signe d’un buisson ardent, dont le feu brille sans détruire, que le Dieu d’Israël entre en relations avec Moïse. Ce n’est pas pour rien que Madeleine DELBRÊL se réfère à ce signe : elle aussi est animée de la même ardeur que Moïse pour celui qui va se révéler à lui. Elle voit la misère du peuple, au temps où le communisme semble à la conquête du monde et à la délivrance de la classe ouvrière. Elle voit, elle souffre de constater l’abandon de Dieu par le peuple. Elle n’évoque pas la situation de la ville d’IVRY en termes sociologiques. Elle veut crier sa souffrance, avec une sorte de passion contenue. Elle cherche à alerter les consciences chrétiennes et surtout elle se tient devant Dieu au nom de son peuple. Elle écrit pour intercéder. »

Ainsi s’exprime Monseigneur Claude DAGENS, évêque d’Angoulême, de l’Académie française, dans la préface du livre de Madeleine DELBRÊL « Ville marxiste terre de mission »* qui vient d’être réédité à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mort (13 octobre1964).

Le livre est « le » livre de sa vie. Le seul, avec « LA ROUTE » et « Veillée d’armes », publié de son vivant. Madeleine précise non sans humour qu’elle l’a « rédigé à IVRY de 1933 à 1957 ».

Après son recueil de poèmes, « LA ROUTE », en 1927 puis « Veillée d’armes » en 1942, « Ville marxiste terre de mission » se situe à un tout autre niveau de maturité. On s’aperçoit que, si sa vie chrétienne contredit le marxisme, Madeleine reconnaît aussi la « provocation du marxisme à une vocation pour Dieu ». Dans cet écrit, Madeleine transmet son élan missionnaire grâce à la finesse et à la justesse de ses analyses. On lira (et méditera) la magnifique interprétation mystique qu’elle donne à son expérience d’IVRY : « Pour rendre Dieu, Le faire, présent, en faire la compagnie des hommes nous n’avons pas besoin de valoir cher, une brassée d’épines suffit…Le chrétiens qui vivra ainsi dans la ville touchera par tout son être la force de l’amour évangélique. La réalité de cet amour éclatera, hors de lui comme une évangélisation, en lui comme une illumination. »

Monseigneur Claude DAGENS présente Madeleine comme « une vocation pour Dieu parmi les hommes ». Une femme qui a souffert de voir, qu’autour d’elle, parmi ces hommes et femmes assoiffés de justice sociale, Dieu n’était pas connu, pas reçu.

Le onzième tome des œuvres complètes de Madeleine DELBRÊL est certes un témoignage émouvant, mais il est, comme souligne l’évêque d’Angoulême, « en rapport avec notre histoire actuelle ».

Nous aimons en particulier ces lignes de Claude DAGENS : « Les temps que nous avons à vivre en ce début du XXI ème siècle…sont des temps éprouvants. Le défi à relever ne consiste pas seulement à analyser les causes et les effets de ce que l’on appelait hier la « déchristianisation ». Le défi tient surtout à la manière dont les chrétiens font face à ces évolutions sans doute irréversibles. Serait-il possible de comprendre que ces temps éprouvants pour la mission chrétienne sont aussi des temps nouveaux pour vivre et annoncer le Christ et la « Joie de l’Evangile » du Christ, surtout si cet Evangile n’est pas réduit à une morale qui ne ferait que dénoncer le mal du monde ? »

« A l’intérieur des limites de son temps (contexte politique et social très particulier) ajoute Monseigneur DAGENS, Madeleine témoigne de ces « missions en épaisseurs » qui ne concernent pas seulement les relations entre l’Eglise et le monde, mais l’Alliance de vérité, de vie et de bonté que tous les hommes sont appelés à découvrir, et dont quelques-uns sont les prophètes, comme Madeleine l’a été et le demeure. »

Le Père Bernard PITAUD, sulpicien et très bon connaisseur des écrits de Madeleine a écrit l’introduction de ce livre. Il parle de la qualité des relations de Madeleine avec ses amis marxiste d’IVRY : « Une acceptation mutuelle dans un dialogue en vérité et sans concession, sous-tendue par la conviction de l’authenticité de ce que vivait l’autre. C’est bien ce qui permettait à Madeleine de témoigner de sa foi sans altérer l’amitié. »

Un très beau message pour les chrétiens d’aujourd’hui.

J – C Peteytas, diacre

*« Ville marxiste terre de mission » – Nouvelle Cité – 240 pages – 18€

Au mois d’octobre, est sorti le Tome 12 des œuvres complètes « En dialogue avec les communistes ». On y retrouve le souffle de la recherche apostolique de Madeleine DELBRÊL, à lire dans le prochain numéro d’Eglise en Périgord.

Partager cet article