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UNE RICHE RENCONTRE ENTRE DEUX ECOLES

Durant la deuxième semaine d'octobre 2013, des élèves du lycée Ste Marthe-St Front de Périgueux se sont rendus au Brésil pour installer deux chambres froides à l'EFAVALE (École Familiale Agricole de la Vallée du Guaporé), le Père Jean Picard, qui les accompagnanit revient sur cette aventure.

Tous les lecteurs de « Lettre d’Amazonie » et leurs amis connaissent depuis longtemps les œuvres sociales du diocèse de Guajara-Mirim. Mais cette fois-ci, des jeunes du lycée catholique Sainte Marthe-Saint Front de Bergerac sont partis aider une école agricole, l’EFAVALE (École Familiale Agricole de la Vallée du Guaporé), qui ne dépend pas de la Mission, mais qui a toujours eu le soutien de l’Église catholique et de l’Église luthérienne. Ancien aumônier diocésain d’Action catholique, CMR (Chrétiens en Monde Rural) et du MRJC (Mouvement Rural de la Jeunesse Chrétienne) en Dordogne, j’étais familier avec la pédagogie de nos Maisons Familiales Rurales en France. Dès mon arrivée à Costa Marques, il y a 17 ans, je me suis senti vite concerné par cette école, dont j’ai eu la chance de voir la naissance, grâce à la volonté tenace de deux pionniers : la fondatrice Dona Aurora da Costa Lunas et du député fédéral du Parti des Travailleurs (celui fondé par Lula) Anselmo de Jesus qui ont dû vaincre de nombreuses difficultés dans cette zone pauvre et dénuée de presque tout. La journaliste qui nous accompagnait, Pauline PIERRI a bien résumé la pédagogie de cette école dans deux très belles pages dans le grand quotidien régional « Sud Ouest » (éd. Dordogne du 9/11/2013)

 Voilà donc le chemin qui nous a amenés à cette école :

Le dimanche 13 octobre 2013

Nous sommes arrivés vers 12h45 à l’aéroport de Porto vélo capitale de de l’état du Rondonia est dans le nord du Brésil. Arlete et son époux Jamil nous attendaient avec leur amie Jeruza et le Padre Eduardo. Le Brésil était en fête, car la veille, c’était la fête de Notre-Dame Aparecida, la patronne du Brésil. Leur paroisse était en fête. Dès le départ, nous avons été plongés dans l’ambiance de la kermesse paroissiale. Une table nous avait été réservée avec l’inscription: « Bienvenue aux français » Arlete et Jamil font partie d’une classe moyenne et ont travaillé et bien géré leurs affaires. Ils tiennent avec leur fils un magasin de construction. Membres du Renouveau charismatique, trois fois par semaine, Jamil accueille de 19h à 22h des personnes qui ont besoin de parler et d’être écoutées. Arlete est responsable de la pastorale auprès des personnes âgées pour tous les diocèses du Rondonia. Bien-sûr il travaille en collaboration avec leur curé le Padre Eduardo et le curé de la cathédrale, le Padre Emilio, un autre ami de la mission, siciliens devenu brésiliens d’adoption depuis 40 ans !

Après un bon temps de repos dans le centre d’accueil Béthanie, géré par la paroisse du Padre Eduardo, Notre-Dame du Bon Secours, nos amis nous ont amenés avec nos bagages à la gare routière. Ils avaient retenu nos billets pour éviter les imprévus.Nous roulerons toute la nuit en autobus (700 kilomètres) jusqu’à São Domingos.

Arrivés vers 6 heures le lundi matin 14 octobre, nous étions accueillis à la gare routière de São Domingos par des élèves de cette école familiale: Gerusa, Juliana et Vinicius. Puis l’autobus de l’école nous a amenés à l’EFAVALE où nous avons été à nouveau accueillis après que le petit-déjeuner nous fut servi par les élèves. Nous avons eu droit à l’hymne de l’école chanté par tous les élèves et Jakson qui accompagnait au son du « Barrrante » (grande corne de vache ou de bœuf dans laquelle on souffle pour appeler le bétail).Puis Francisco le directeur, Jessica monitrice, Dona Aurora la fondatrice et Renata sa fille, sous-directrice, nous ont à nouveau souhaité la « bien-venue ». Puis nous avons été conduits à nos logements respectifs. En fin de matinée l’autobus nous conduisit à Costa Marques distant de 58 kilomètres. Nous étions invités au repas de fête pour l’anniversaire du Padre Edmilson qui complétait ses 37 ans. Étaient conviés également les diacres permanents et les religieuses. Puis nous sommes retournés à l’école pour une sieste bien méritée.

Les villes d’où viennent les élèves comptent environ soixante-dix mille habitants. Mon ancienne paroisse avec Costa Marques et São Domingos du Guaporé et les paroisses voisines de la zone centre du diocèse: São Francisco du Guaporé, Seringueiras et São Miguel du Guaporé. En plus d’une formation technique en alternance, ils ont fait le choix d’une agriculture familiale qui respecte la nature et les hommes. Ainsi agriculture biologique et éducation à la citoyenneté en luttant contre les préjugés raciaux font bon ménage. Les élèves par l’entretien de leur propre école et dans la vie communautaire sont éduqués à la responsabilité. Cela est complété par l’initiation à la vie associative et syndicale.

Nos élèves du lycée professionnel Sainte Marthe-Saint Front de Bergerac en allant installer deux grandes chambres froides nécessaires à la conservation de la nourriture pour la propre école et pour la vente des produits ont pu vivre au rythme de l’école : les horaires, les repas, les nettoyages et la visite d’exploitations familiales, sans oublier les temps de prière qui rythment la journée : le matin avant le petit-déjeuner, l’on dit : « Merci Seigneur pour ce nouveau jour que tu nous donnes à vivre », et le « Benedicite » avant chaque repas : « Bénis Seigneur ceux et celles qui ont préparé le repas. Que cette nourriture nous aide à partager et à faire ta volonté. Que ta bénédiction soit aussi présente dans nos familles ».

Avant le démarrage de l’autobus :

« Notre-Dame de la Route protège-nous, ainsi que tout ceux que nous allons croiser sur le trajet ».

  • A noter que ces invocations sont faites spontanément par les élèves et non pas par les professeurs ou un prêtre.

Après les cours théoriques chaque élève est amené à rédiger un projet avec l’aide d’une monitrice ou d’un moniteur. Il vérifiera dans un stage pratique la réalité du projet avec ses réussites et ses difficultés rencontrées sur le terrain. Il rédige un rapport qui sera supervisé par un moniteur. Ensuite l’élève devra faire un exposé oral devant les autres élèves. Cette pédagogie leur apprend ainsi à rédiger et à parler en public. Nos jeunes français ont été « soufflés » de voir l’aisance de leurs collègues brésiliens. Ainsi actuellement, tous les 15 jours, arrivent 70 élèves divisés en 4 groupes en alternance suivant les sessions ; au total l’école tourne autour d’une centaine d’élèves.

Le mardi 15 octobre :

Les élèves de 3 ème année de l’école nous accompagnaient pour la découverte du Forte – Principe da Beïra. Il s’agit d’une forteresse à la Vauban construite par les esclaves noirs et indiens par ordre des Portugais qui avaient peur des colons espagnols d’en face, en Bolivie, l’autre côté du fleuve Guaporé. Nous avons eu la chance d’avoir à notre disposition un soldat vraiment passionné par l’histoire du Forte, si bien que nos jeunes français ont voulu qu’il soit sur la photo de groupe.

Puis une des élèves Ana Elizabete nous invita à déjeuner chez elle. Sa maman et son beau-père (car le papa est décédé il y a quelques années) avait préparé de la tortue avec de la farine de manioc. Tout le monde a apprécié, alors que c’était la première fois. Puis après le repas, Ana Elizabete nous a fait visiter son « chacra » (petite ferme) où elle a mis en application la théorie apprise à l’école pour organiser son potager, ses volailles, l’élevage de son cochon etc…. Sa mère nous a fait part du drame que vivent les agriculteurs du Fronte : l’INCRA qui est l’office national de la distribution des terres a commencé à faire des démarcations de lots pour que chaque famille de ces petits agriculteurs puissent vivre. La Fondation PALMARES qui protège les terres des Kilambalas (descendants d’esclaves) appuie ce travail. Le grand obstacle c’est l’armée qui fait barrage. Le Ministère de l’Agriculture et le Ministère de la Défense n’arrivent pas à se mettre d’accord. Certains militaires ont la nostalgie de l’époque de la dictature et pensent que la sécurité du pays est menacée si l’on protège les endroits réservés aux Noirs et aux Indiens ! (c’est pour cela qu’a été incendiée et détruite par l’armée en 2008, la maison d’une famille indigène présente depuis 58 ans au Km 15 ! (voir Lettre d’Amazonie n° 185).

L’après-midi, ce fut la détente à Lago Azul. Notre ami Bernardo a créé une piscine naturelle en pleine forêt amazonienne. Il a constitué un parc avec plusieurs milliers de plantes différentes et des orchidées par centaines. Un vrai paradis dans bout de forêt amazonienne, rempli de palmiers. Pour la première fois ils ont bu du « vin de açai », jus de fruit violet foncé, presque noir, provenant de graines que l’on trouve sur certains palmiers ou cocotiers.

Le mercredi 16 : fut la journée consacrée à l’installation des chambres froides. On savait que le courant était irrégulier. Mais on le pensait à la baisse. En fait il y avait des sauts de 220 à 270 watts. Il nous fut impossible d’interroger un technicien brésilien. Le vendeur de Porto Velho était absent pour 10 jours et le technicien de l’entreprise du sud du Brésil qui avait vendu le matériel et qui le fabriquait ne répondait pas ! Après avoir consulté des documents en anglais quand le circuit « internet » n’était pas interrompu, nos professeurs de Bergerac ont réussi à trouver les paramètres ! Puis ils veilleront toute la nuit pour vérifier que tout fonctionne bien.

Ensuite ils organiseront deux réunions en présence de João, l’intendant, et deux groupes d’élèves différents pour leur montrer le bon usage des chambres froides. Il fut nécessaire aussi de leur rappeler qu’il vaut mieux tuer un poulet à l’ombre plutôt qu’en plein soleil tropical et le vider avant de le mettre au congélateur et tout seul unique dans un sac en plastique.

Le jeudi 17 : l’inauguration des chambres froides :

Après les dernières mises aux points pour les chambres froides, ce fut la réception officielle et l’inauguration de ces dernières. Après l’hymne brésilien chanté par les élèves de l’EFAVALE et accompagnés à la guitare lors de notre arrivée à la gare routière de São Domingos, nos jeunes et leurs professeurs ont eu la surprise de voir l’inauguration avec le cérémonial très méticuleux devant le drapeau du Brésil entouré de celui de l’État du Rondonia et celui de la ville et celui de l’école. Si le brésilien est plus décontracté que le français, il aime néanmoins le cérémonial. Ainsi la jeune Juliana, élève en terminale et qui vient de fêter ses 18 ans, et non pas un professeur ni le directeur, a prononcé le discours d’ouverture. Après avoir souhaité la bienvenue à toutes les autorités présentes, où elle a mentionné les professeurs et les élèves « qui font partie de cette grande famille de l’EFAVALE », elle nomma l’École Ste Marthe-St Front et l’Église catholique et la paroisse Notre-Dame de Bergerac sans oublier bien sûr le diocèse de Guajara-Mirim. Puis elle compléta en disant que l’abbé Dutreuilh et moi, nous faisions partie de la famille de l’École avec les professeurs avec les élèves de Ste Marthe-St Front avec la journaliste, qu’elle cita un par un et elle nous invita à prendre place avec les autorités : la fondatrice, les maires des villes concernées et des députés fédéraux Anselmo de Jesus et le Padre Ton, tous le deux représentés par leurs assesseurs, les conseillers municipaux, et les présidents des syndicats des Travailleurs Ruraux etc …. Après le chant de l’hymne brésilien et de celui de l’État du Rondonia, chaque autorité présente a été invitée à faire un discours. (soit une quinzaine, ce qui est un peu long pour un français!)

Voici un extrait de celui de Christian LAJOU, le directeur du Lycée Professionnel Ste Marthe-St Front :

« Nous sommes heureux d’être ici dans cette belle école du Rondonia. Cela concrétises un travail de 3 ans, de dossiers administratifs, de transfert d’argent pour l’achat du matériel que nous avons voulu faire au Brésil …. Les partenaires financiers et la Région Aquitaine nous ont suivi dans cette aventure parce que notre établissement est une référence en matière de froid et de climatisation grâce à une excellente équipe de professeurs et d’élèves…. Notre choix s’est tourné naturellement vers l’EFAVALE car leur projet pédagogique est moderne et tourné vers une écologie responsable … En arrivant à l’EFAVALE nous avons été accueillis comme des amis de toujours et avons pu tout de suite compter sur la collaboration de tous dans notre chantier d’installation de deux chambres froides…. On se reverra donc certainement très bientôt pour d’autres partenariats et nous serons très heureux…. »

Puis ce fut la coupure du ruban à l’entrée de la salle des chambres froides. La veille, à gauche de cette porte, des élèves de l’EFA avaient peint le logo des t-shirts : Ste Marthe-St Front EFAVALE. A 15 heures, l’après-midi fut clôturée par la messe « Sertanejã » dont nous parlerons plus loin. En effet chaque distribution de diplômes ou chaque jour spécial est toujours clôturé par une messe ou un culte œcuménique, car le peuple de base n’a pas encore subi la sécularisation européenne.

Le vendredi 18 octobre :

Nous voilà partis pour Seringueiras et São Miguel avec les élèves de 2 ème année. Après avoir visité la plantation de café, les parents de l’élève Luciana, nous ont invités à partager un succulent repas avec d’excellents jus de fruits naturels. L’après-midi Gilberto nous montrera sa plantation de canne à sucre et comment fabriquer la « rapadura » (blocs de sucre roux) cuite au feu de bois et versée dans des moules en bois où on laisse cailler le jus de la canne à sucre. Nos élèves ont eu la joie de pousser des cannes à sucre dans le broyeur et de voir couler le jus de canne avant qu’il ne soit cuit sur un feu de bois dans une immense marmite plate et très large qui ressemblait à un tub où jadis arrière-grands-parents prenaient leurs bains. Le soir après dîner fut donnée une nouvelle explication au sujet des chambres froides.

Le samedi 19 octobre :

la matinée avec les 4 ème années fut consacrée à la visite d’un plan de « Manejo ». Nos élèves avec les jeunes brésiliens ont pu pénétrer dans la forêt-vierge du Caetano, du nom d’un affluent du Guaporé) et voir une exploitation intelligente de la forêt qui ne détruit pas tout et tient compte de l’écologie. Après le repas de midi à l’école, les pensionnaires ont tout nettoyé pour laisser l’école propre pour l’autre groupe qui leur succédera lundi matin. Le samedi soir Dona Aurora et son mari Renato nous invitèrent chez eux pour un repas de fête.

Voici l’emploi du temps d’une journée à l’EFAVALE :

5 h 50 : Lever

6 h : Toilette

6 h 30 : Café et petit-déjeuner

7 h : 1er cours

7 h 50 : 2 ème cours

8 h 40 : 3 ème cours

9 h 30 : Récréation et collation

9 h 50 : 4 ème cours

10 h 40 : 5 ème cours

11 h 30 : Déjeuner puis vaisselle. Chaque élève nettoie son couvert. Une équipe lave les plats et une autre nettoie le réfectoire.

13 h : 6 ème cours

13 h 50 : 7 ème cours

14 h 30 : 8 ème cours

15 h 30 : Goûter et récréation

15 h 50 : Travail pratique

17 h 20 : Détente et loisirs

18 h 10 : Douche

18 h 40 : Dîner

19 h 45 : Exposé, Compte-rendu d’un stage pratique ou cours d’Histoire, ou de Portugais ou sur les objectifs de l’école.

21 h 25 : Coucher.

Le dimanche 20 :

Après le petit-déjeuner, ce fut la journée de détente et de pêche dans le sitio (maison de campagne) du senhor Vandalme, très ombragé. Sa propriété borde le ruisseaus São Domingos. Le paysage est magnifique. Heureusement que l’on avait emporté le pique-nique et que le propriétaire nous avait invité à déjeuner et à savourer le repas que son épouse Dona Divina avait préparé car nos pêcheurs périgourdins n’ont vécu que la première partie de la pêche miraculeuse ! La famille qui nous accueillait était d’autant plus heureuse que j’y célébrais la messe quand la communauté Notre Dame des Grâces n’avait pas encore de chapelle. Le soir après la messe dominicale dans la nouvelle paroisse São Domingos que le Père Modelin m’avait invité à présider , la communauté paroissiale nous invita pour un repas clôturé par l’excellente crème de cupuaçu ou de muracuja.

Le lundi 21 :

Cette première semaine bien remplie fut très vite passée et le lundi suivant nous fûmes accueillis à Costa Marques. Les salles de catéchisme ont servi de dortoirs de fortune. Un autre repas de fête nous attendait : Dona Dalva fit la surprise à son mari qui fêtait ses 60 ans de nous inviter à tous en compagnie du groupe qui avait chanté la « Messe Santanejã ». En plus des mets succulents nos jeunes ont entendu de belles musiques brésiliennes. Le maire Chico Territorio, n’était pas le dernier à chanter la « serenada ». La musique fut interrompue par l’arrivée d’un grand gâteau rectangulaire (le fameux « bolo » brésilien) et la prière d’action de grâce.

« Nous te remercions Seigneur pour les 60 ans du senhor Naulinho. Que le Seigneur lui accorde la santé et le garde longtemps parmi nous ! »

Puis ce fut le chant du « parabens » (félicitations) :

« Félicitations en ce jour très cher et spécial. Que le bonheur remplisse votre vie le plus longtemps possible ».

Puis le lauréat prit le couteau pour partager un morceau de gâteau à chacun. A noter que nous étions au moins 40 personnes !

Mardi matin 22 :

A 6 h tout le monde était au port pour embarquer dans un chaland plat muni de cabines de 3 à 4 lits. En cette saison les eaux du Guaporé sont basses. Le pilote accrocha un rocher caché sous l’eau et cassa l’hélice. Malgré le retard d’une heure et demie, nous sommes arrivés le mercredi après-midi à Surpersa où nous attendaient Dom Geraldo et l’abbé Christian Dutreuilh. Après les « abraços » de rigueur nos sympathiques religieuses Raymunda et Isabelle nous offrirent une collation qui fut un véritable repas. Nous laissâmes le bateau pour la Toyota qui à travers la forêt emprunta une piste de 6 kms pour nous amener chez les Indiens de Sagarana. Après le dîner, nous avons vécu des moments très émouvants : après la messe en plein air devant l’école avec des cantiques en portugais et des refrains en Orowari, ce fut la procession des Indiens avec chacune une bougie allumée pour la planter aux côtés de la tombe de Dom Roberto.

Finalement nous accostions le jeudi soir au port de Guajara-Mirim où nous attendaient Dom Benedito et Regis. Nos bergeracois, après un temps de repos le vendredi matin, visitèrent la cathédrale et montèrent au clocher pour profiter de la vue sur la ville.

Le samedi 25 :

Notre troupe franchit la frontière sur le Mamoré pour aller en Bolivie visiter la ville de Guajara-Mirim, après une visite au C.I.M.I. (Pastorale des Indiens) que le Dr Gilles de Catheu nous a bien commentée. L’après-midi fut réservée au repas. J’ai eu le plaisir de revoir nos jeunes prêtres : Manoel et Renato. Mais aussi Francisco, futur diacre permanent, m’amena célébrer la messe dans une communauté de base de quartier : « le Christo Ré ».

Le dimanche matin 26, lui-même me conduisit pour célébrer la messe à la communauté du Tamandaré ou église São Francisco, où son fils Philippe, maintenant âgé de 16 ans qui a participé aux JMJ et que je ne reconnaissais pas, accompagnait les cantiques à la guitare.

Le dimanche soir fut festif car c’était l’anniversaire d’ordination épiscopale de Dom Geraldo, auquel Dom Benedito demanda d’assurer l’homélie, résumé en français pour nos invités.

Dom Benedito toujours aussi aimable et aussi accueillant prit congé de nous. Il devait voyager de nuit pour prendre l’avion du matin pour Manaus. En effet, tous les évêques d’Amazonie devaient se retrouver pour étudier un plan de pastorale au sujet de la nouvelle évangélisation sur le plan continental (de l’Amérique du Sud).

Le lundi 27 octobre:

Toute la matinée fut consacrée à la visite du DESPERTAR en compagnie Dom Geraldo. Accueil toujours aussi chaleureux du Senhor Pedro et de la soeur Aparecida qui nous invitaient pour le petit-déjeuner. Après un temps de prière œcuménique, ce fut la visite de chaque atelier. Inutile de vous dire que nos élèves périgourdins et leurs professeurs ont été enthousiasmés devant l’œuvre et l’organisation de ce centre professionnel.

Une cerise sur le gâteau:

Avant d’acheter quelques objets d’artisanat, nous avons pu contempler le magnifique buffet d’orgue réalisé par les jeunes brésiliens en atelier de menuiserie aidés par l’ébéniste de la Mission, le bolivien Juliot César qui n’attend plus que les tuyaux pour raisonner dans la cathédrale où est le « songe » de Dom Rey et deviendra réalité grâce à nos organistes amis Francis CHAPELET et Uriel VALADEAU.

Après le repas de midi, nous quittions Guajara Mirim pour Porto Velho. A19h nos amis Arlete et Jamil nous attendaient de nouveau avec le Padre Eduardo pour passer la nuit à Béthanie comme à l’aller.

Mardi 28 octobre : au moment de monter dans l’avion du retour: surprise. Notre avion aurait un jour de retard. Nous avons donc passé une nuit et un jour à São Paulo aux frais de la compagnie aérienne TAM.

L’abbé Dutreuilh et moi en avons profité pour visiter l’abbaye bénédictine, le monastère Saõ Bento (Saint-Benoît) où un jeune moine et le Père Abbé qui parle bien français nous ont chaleureusement accueillis.

Enfin le mercredi 30 :

Après cette belle aventure vécue ensemble, professeurs et élèves retrouvaient leurs familles à Bergerac.

En conclusion : ce fut une belle réussite. Nos élèves Bergeracois formaient une équipe bien soudée et allègre avec leurs professeurs. Ils ont tous été appréciés par nos amis brésiliens. Ils étaient venus apporter une technique et un savoir-faire. Nous avons reçu l’accueil très chaleureux d’un peuple composé de jeunes et d’adultes qui n’ont pas peur de montrer et de vivre leur foi chrétienne. Je vous livre donc comme message la « Messe Sertanejã » qui vaut bien tous les discours.

Jadis en France, les anciens de la J.A.C ont connu des messes animées d’une manière spéciale lors des « coupes de la joie » où l’on accueillait la présence du travail de la terre pour l’offrir à Dieu et lui demander son aide et sa protection. Toute proportion gardée, les paysans du sud du Brésil on fait la même chose en inventant des cantiques et un style particulier de musique. « Messe Sartanejã » veut dire « Messe du Sertão », c’est-à-dire de la campagne, des migrants descendant d’Italiens, d’Allemands, de Polonais venus défricher des terres.

Le padre Edmilson, mon successeur à Costa Marques a aidé à mettre en place cette messe spécialement appréciée par les éleveurs de bétail et les agriculteurs. Il s’agit, dit-il, de « Réveiller, de faire revivre les bonnes coutumes d’antan. L’un des objectifs est de mettre en valeur la simplicité du peuple qui vit de la terre et du travail des champs. La vie de celui qui vit en ville est toujours une course effrénée et souvent nous ne connaissons pas même notre propre voisin.

Avec cette messe nous avons l’intention de donner plus d’importance pour le travail de la Terre. Nous voulons mettre en relief la beauté de la vie simple à la campagne qui a pour motivation de vivre la fraternité et le partage. Il est important pour l’homme de prendre exemple sur la vie du paysan à cause de sa simplicité, plus concrète vécue dans le partage, l’humilité, et la fraternité »

Nous n’avons pas la place de traduire ici tous les cantiques de cette messe, mais la procession de la Bible avec une chorégraphie donne déjà le ton et l’ambiance de cette messe:

« Faites résonner la Parole de Dieu à chaque endroit: dans la culture et l’histoire. Allons l’exprimer en élevant la Parole de Dieu.

Dans la culture populaire, nous allons catéchiser, en célébrant la Foi et la Vie. Faisons raisonner la Parole de Dieu avec le Noir, avec l’Indien. Allons louer le Seigneur et fêtons-le avec la communauté toute entière.

Abbé Jean Picard.

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