Service Communication

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Texte des vœux de Mgr Philippe Mousset

L'intégralité du discours de Mgr Mousset lors de ses vœux, le 23 janvier 2015.

Merci à vous tous d’avoir répondu à mon invitation. Je commence à repérer des visages qui me font dire que vous venez d’un peu partout du département.

Vos présences à tous me touchent beaucoup et honorent les catholiques de notre département.

Merci à vous, frères et sœurs catholiques du diocèse représentant les paroisses ou venus individuellement.

Bienvenue à vous, représentants d’autres religions ou membres des autres confessions chrétiennes en Périgord. J’ai encore en mémoire la célébration œcuménique que nous avons vécue hier soir au temple de Périgueux dans le cadre de la semaine de l’unité des chrétiens. Merci encore, Monsieur le Pasteur Munch, de votre accueil pour cette célébration.

Je sais que cette cérémonie des vœux est un rendez-vous heureux, un moment convivial. En ce qui me concerne, c’est avec beaucoup de joie que je vis pour la première fois cette cérémonie des vœux ici. Comment ne pas penser, en premier lieu, à mon prédécesseur, Mgr Michel Mouïsse, qui est en communion de cœur et de pensée avec nous ce soir. Il vous transmet ses salutations les plus chaleureuses. Je ne le remplace pas, je lui succède ! Car comment le remplacer sur le bord des stades de Rugby, passionné qu’il était… ou du basket parfois ! Quoique, je n’exclus pas d’aller me détendre et encourager le CAP ! Il en a besoin je crois… J’aurai un problème pour le fameux derby Périgueux-Bergerac : je ne peux pas prendre parti !

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Vœux sur fond d’une actualité tragique…

Cela étant dit, je ne peux pas ignorer, là, devant vous, au cœur de cette cérémonie de vœux, les évènements tragiques qui nous ont tant bouleversés et qui ont laissé des familles dans la douleur et l’incompréhension face à ce déploiement de violence, d’une violence inouïe.

Le chrétien que je suis ne peut pas oublier qu’il est également citoyen. Aussi, ces événements m’ont conduit à relire l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 qui stipule que : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites. »

Comme chrétiens, avec les différentes communautés religieuses de notre pays, nous avons condamné ces actes terroristes et criminels. Nous l’avons fait avec d’autant plus de force qu’ils ont été commis « au nom de Dieu » ou prétendus comme tels. Tuer au nom de Dieu est un contre-sens absolu. « Tuer au nom de Dieu est une aberration » nous rappelait le Pape François en réagissant à cet évènement.

Avec tous ceux qui se sont rassemblés le dimanche 15 janvier 2015, ici à Périgueux et en d’autres lieux de notre département, comme en tant d’autres villes et villages de notre pays, nous avons voulu défendre des valeurs qui nous sont communes. Il y a là, selon moi, un appel à favoriser une véritable liberté d’expression respectueuse des personnes et des différences pour apprendre à vivre ensemble, à mettre en commun nos richesses et nos talents afin de contribuer à la construction d’une société plus juste, plus humaine et plus fraternelle…

Pour que ces considérations ne soient pas que de belles paroles, il me semble que la laïcité peut nous offrir un cadre porteur, puisqu’elle nous invite tous, dans la diversité de nos convictions et de nos croyances, au respect dû à chacun et à une nécessaire prise en compte des différences pour construire un vivre en société ensemble qui ne saurait être sous la contrainte d’aucune communauté, d’aucun groupe, d’aucun courant de pensée ou d’une religion.

L’Eglise catholique en France, et donc ici, en Dordogne, a le souci d’apporter sa contribution au dialogue entre tous, sans lequel la laïcité risquerait de s’essouffler au profit de diverses formes de radicalisation.

C’est bien dans ce contexte que les catholiques, avec tous les chrétiens, protestants, orthodoxes, anglicans, mais aussi avec les Juifs, les musulmans, les bouddhistes veulent développer des relations de fraternité, dans un esprit de responsabilité et de dialogue, pour rendre visible, dans ce contexte de la laïcité française, cette conviction que les religions sont au service de la paix, de la justice et de la cohésion sociale.

Comme évêque de Périgueux et Sarlat, je souhaite ardemment, dans la continuité du travail accompli au service du dialogue interreligieux à Temniac (près de Sarlat), que nous puissions trouver les moyens adaptés pour nous mettre au service du dialogue interreligieux, pour témoigner de notre désir, avec les autres Eglises chrétiennes, d’avancer sur le chemin de relations fraternelles en vue du bien de tous ceux qui, croyants en Dieu ou pas, sont appelés à vivre ensemble au sein de la communauté nationale.

Je veux redire ce soir le désir de notre Eglise d’apporter sa contribution pour que personne n’ait honte et peur d’être chrétien, juif, musulman, bouddhiste, agnostique ou athée.

En terminant mon propos sur ce sujet, comme chrétien devant la croix, je ne peux oublier que le Christ, en s’exposant à la violence des hommes et au mal absolu, n’a opposé que l’amour absolu et la compassion pour faire naître, au milieu de ces violences, un monde nouveau. Cela demeure pour nous une source d’inspiration inépuisable, un phare dans les tempêtes, un roc sur lequel s’appuyer.

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Le Périgord terre d’accueil :

Arrivé en septembre 2014, il est prématuré de tirer un bilan de l’année écoulée. Mais je voudrais souligner deux choses :

La première est le sens de l’accueil : le Périgord est une terre d’accueil, une terre hospitalière. J’en suis profondément reconnaissant. Permettez un peu d’humour : lorsque l’on m’a présenté le diocèse, début octobre, j’ai encore en mémoire cette manière originale de le faire.

Tout commence par ce verset biblique bien connu “Il y eut un soir… Il y eut un matin“… Nous connaissons ce refrain qui rythme le récit de la création ! Mais ce que nous ignorons souvent, c’est qu’au soir du 5ème jour, Dieu décida de créer un berceau pour cette humanité qu’il désirait et qu’il voulait belle… Un berceau qui, dans sa beauté originelle, puisse rappeler aux hommes leur vocation à la beauté d’une bonté en dehors de laquelle l’humanité deviendrait inhumaine ! Au soir du 5ème jour, donc, Dieu créa le Périgord. Avec ses sources et ses rivières, avec ses forêts, avec ses grottes et ses plaines, Dieu créa le Périgord pour qu’il soit le pays de l’homme, le pays d’où l’homme partirait à la découverte du monde… Et quand Dieu eut créé le Périgord, il vit que cela était beau et bon ! Désormais, l’humanité pouvait advenir en ce lieu.

Il y eut un soir… Il y eut un matin“… Avec la création du Périgord, l’histoire de l’humanité pouvait commencer. Et même si cette histoire devait s’avérer plus compliquée que prévu, avec la création du Périgord, Dieu voulait que l’homme garde sous les yeux un coin de paradis, pour ne pas oublier d’où il venait (!), mais plus encore pour que l’homme se rappelle la mission confiée : “faire de cette terre un paradis“

Henry Miller fut de ceux qui tombèrent sous le charme de ce coin de paradis… “Le paradis des français“ selon les mots de cet auteur qui poursuit en écrivant… “Rien ne m’empêchera de croire que si l’homme de Cro-Magnon s’installa ici, c’est qu’il était extrêmement intelligent, avec un sens de la beauté très développé… Rien ne m’empêchera de croire que cette grande et pacifique région de France est destinée à demeurer éternellement un lieu sacré pour l’homme et que, lorsque la grand-ville aura fini d’exterminer les poètes, leurs successeurs trouveront ici un refuge et berceau.“ (Cf. le Colosse de Maroussi)

Avec humour se dit une réalité incontestable sur le Périgord : son attrait réel en fait un des départements les plus touristiques de France. Cette terre réputée pour son accueil, est aussi dotée d’un patrimoine impressionnant

Ceci me conduit à vous partager un deuxième point sur ce chapitre du Périgord, c’est le patrimoine cultuel :

Je voudrais souligner l’attachement des élus au patrimoine cultuel et leur volonté de sauvegarder les églises et les édifices lorsqu’ils sont sous leur responsabilité ou celle de l’état, pour la cathédrale par exemple… sans omettre le rôle important de la préfecture…

Bien sûr nous mesurons ensemble l’impact de ce patrimoine dans le département sur le plan de la cohésion sociale, de la mémoire locale et du tourisme avec l’intérêt économique et culturel non négligeable pour notre « beau Périgord ».

Mémoire d’un passé, ce patrimoine nous aide à prendre conscience du présent afin de construire un avenir.

Je voudrais souligner un autre point dans ce domaine, c’est la qualité des relations, de la collaboration entre les élus, les responsables de la DRAC (architectes, conservateurs entre autres…), les affectataires et les membres de la Commission d’Art Sacré, les différents partenaires responsables des lieux de cultes.

Pour entretenir cet esprit de collaboration, comme cela a été fait dans le passé, je me demande s’il ne serait pas intéressant de proposer une nouvelle rencontre entre les maires, les services du patrimoine, les affectataires… sous l’égide de la Commission Diocésaine d’Art Sacré pour se dire et se préciser le rôle et la fonction de chacun, pour échanger sur les projets, les restaurations, les usages des lieux, la législation, les concerts…

Je pense aussi aux efforts de tous ceux et celles qui œuvrent en concertation avec le département, les collectivités locales et les différents partenaires, dans la pastorale du tourisme.

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Notre Eglise …

Je salue aussi avec joie l’engagement des catholiques dans la société par leur présence généreuse et désintéressée dans de nombreuses associations, dans la vie publique, les œuvres caritatives ou les mouvements apostoliques.

Je salue avec joie l’engagement des catholiques de plus en plus nombreux pour prendre en charge, avec les prêtres et les diacres, l’animation des paroisses et des services.

Et puis je veux saluer avec joie les nombreux bénévoles qui, humblement et efficacement, sont au service de nos Communautés chrétiennes.

Et merci aux prêtres et aux diacres à qui je veux redire mon amitié, mon affection et mon admiration pour ce beau ministère que nous avons toujours à découvrir et à redécouvrir. Je pense aussi à nos deux séminaristes. L’un est diacre et l’autre vient de vivre l’étape de l’admission. Nous les accompagnons de notre prière et de notre affection.

Qu’ensemble nous vivions une belle année dans la redécouverte de la joie que nous avons à servir notre « Bien Frère et Seigneur Jésus ».

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Il me paraît important dire quelques mots sur les moyens matériels de la mission de l’Eglise catholique en France et donc en Dordogne. Ces moyens, l’Eglise ne les reçoit d’aucune subvention, ni de l’Europe, ni de l’Etat, pas même du Vatican. Elle les reçoit de la générosité de tous ceux qui participent au denier de l’Eglise (anciennement denier du culte). Je tiens à remercier tous les donateurs qui, grâce au travail de sensibilisation et de clarification de l’Econome diocésain et de son équipe, sont toujours aussi nombreux à soutenir la mission de l’Eglise catholique et à manifester ainsi leur attachement au service qu’elle rend. Il faut souhaiter que cette année nouvelle confirme tous les efforts entrepris !

Je voudrais aussi remercier les communautés chrétiennes pour la collecte du 15 août dernier destinée au soutien de nos frères et sœurs d’Orient qui subissent la tragédie de l’exil dans la violence et le dépouillement. La somme collectée s’élève à 23.130,15€. Par le biais de Caritas, présent dans ces régions, cette somme leur parviendra intégralement.

Merci d’avoir répondu spontanément à l’appel.

Soyez en profondément remerciés.

En cette année de la Vie Consacrée voulue par le Pape François, nous avons une pensée toute particulière pour nos communautés religieuses apostoliques et contemplatives et toutes les personnes consacrées.

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Vœux 2015

Pour terminer, continuons à marcher, chacun et chacune dans nos domaines respectifs, dans la paix et la confiance.

Cette paix et cette confiance que je souhaite pour le monde -et nous devons beaucoup prier pour cela en pensant tout particulièrement à tous ces évènements chez nous et au Proche Orient- c’est bien cette paix que je souhaite pour chacune et chacun d’entre vous dans la vie et les responsabilités qui sont les vôtres.

+ Philippe Mousset
Evêque de Périgueux et Sarlat

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