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Osons la fraternité…

Le message pastoral de notre évêque intervient dans un contexte où la violence semble gagner du terrain. De fait, de récents évènements tragiques, fortement médiatisés, ont pu nous laisser l’impression d’une banalisation de la violence, que ce soit dans le cadre de l’école ou à l’extérieur.

Le message pastoral de notre évêque intervient dans un contexte où la violence semble gagner du terrain. De fait, de récents évènements tragiques, fortement médiatisés, ont pu nous laisser l’impression d’une banalisation de la violence, que ce soit dans le cadre de l’école ou à l’extérieur.

Or, face à des situations de violence, la tentation reste, aujourd’hui comme hier, la même : celle qui conduit à stigmatiser des personnes ou un groupe de personnes (les jeunes en particulier), et à considérer qu’en réagissant ainsi, nous sommes à l’abri de tout soupçon ! Certes, les actes commis sont graves et ils sont bien le fait de personnes qui ont à être jugées pour avoir porté atteinte à la vie d’autrui, dans des circonstances incompréhensibles mais néanmoins inacceptables !

Il n’en demeure pas moins que le recours délibéré à la violence, tel qu’il se manifeste tristement dans certaines situations, nous interroge sur notre propre vigilance à l’égard de la violence dont nous sommes capables. Là encore, il est vrai que nous ne sommes pas tous enclins à l’usage de la violence physique et il faut nous en réjouir ! Mais comment ignorer la violence verbale qui peut devenir, dans certaines circonstances, un recours banalisé, sous le prétexte que nous avons à nous défendre et à nous protéger des agressions dont nous estimons être victimes ? Comment passer sous silence nos difficultés à oeuvrer au bien de tous, fût-ce au prix de notre propre bien, parce que nous considérons qu’en ce monde, il est important de privilégier la défense de nos intérêts, de notre confort, de notre identité, y compris d’ailleurs dans ce qui touche à notre vie spirituelle ?…

En d’autres termes, nous pouvons tous faire ce constat d’une société au sein de laquelle bien des hommes et des femmes souffrent d’un mal-être qui impacte négativement notre vivre ensemble ! Mais ce constat n’est pas suffisant. Comme disciples et témoins de Jésus-Christ, nous avons à manifester, en paroles et en actes, qu’il est une autre voie que celle du recours délibéré à la violence… Une voie qui commence par le respect de l’autre, quel qu’il soit, de cet autre avec lequel je ne suis pas toujours d’accord, mais qui n’en reste pas moins un frère avec lequel il me faut apprendre à vivre, en mettant tout en oeuvre pour qu’il puisse vivre et grandir dans ce qu’il a d’unique.

C’est en ce sens que je suis porté à croire que les chrétiens ont un vrai service à rendre à ce monde… Non pas seuls contre tous, mais avec tous les hommes de bonne volonté ! Ce service consiste à témoigner concrètement que la fraternité est possible, non pas parce que nous l’avons décrété, mais parce qu’elle nous est donnée, dans la juste reconnaissance de nos différences, comme un chemin de vie, grâce à Celui qui, en nous aimant jusqu’à livrer sa propre vie, a cloué sur la croix toutes les formes de violence et de mort : Jésus-Christ, le premier né d’une multitude de frères…

C’est en ce sens que notre évêque a raison de nous appeler à oser la fraternité… Car, même si la violence semble parfois gagner du terrain, nous sommes les disciples et les témoins de ce Seigneur en qui se fonde notre capacité à tenir la violence en échec et à contribuer ainsi à l’édification d’une société plus juste, plus humaine et plus fraternelle…

Abbé Thierry Niquot
Vicaire épiscopal pour l’ensemble pastoral du Périgord Centre

Publié dans Église en Périgord N°19 – 13 octobre 2012

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