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Message pascal aux catholiques du Périgord

Chers frères et sœurs,
Chers amis,

« Vivre le Triduum Pascal dans les conditions du confinement, presque partout dans le monde, c’est-à-dire à la maison. »

Cela ne s’est jamais vu, semble-t-il, de mémoire humaine. Au cœur de cette « tempête inattendue et furieuse » selon les mots du pape François, nous faisons l’expérience que nous sommes tous dans la même barque. Peut-être que nous réalisons davantage, disons un peu plus, dans notre conscience que notre humanité est engagée dans un destin commun, dans une même barque pour le meilleur et pour le pire. C’est dans ce contexte inédit que toute l’Eglise est entrée dans la Semaine Sainte, d’une manière tout à fait inhabituelle, sans aucun rassemblement.

Mais si le confinement bouleverse profondément la mission et notre vie chrétienne, il ne peut ni arrêter, ni empêcher de vivre autrement notre foi et notre baptême. Plus que jamais nous sommes invités à redécouvrir avec foi et confiance que nous avons été baptisés « au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » et que le Seigneur ne nous abandonne pas. Si nous sommes confinés, pour le moment, le Seigneur ne l’est pas. Même le confinement du tombeau n’a pu le retenir captif. Aucune circonstance ne peut l’empêcher d’agir. L’Esprit Saint poursuit son œuvre en nous de par le baptême que nous avons reçu. Ainsi, même si nous vivrons, trois fois hélas, cette Semaine Sainte tout différemment, nous pouvons nous montrer capables, avec la grâce de Dieu, de la vivre intensément.

L’épisode évangélique de l’onction de Béthanie (Jean 12, 1-11) proposé ce Lundi Saint, avec cette femme, Marie, la sœur de Marthe et de Lazare, qui vient au pied de Jésus pour verser et répandre ce précieux parfum, peut nous aider à vivre pleinement ce Triduum Pascal. Cela se passe au cours d’un repas, en reconnaissance de l’œuvre de Jésus qui a tiré Lazare du tombeau et qui va nous tirer chacun, chacune, et même l’humanité, du tombeau. Marie, qui a beaucoup souffert de la mort de Lazare, a eu des doutes et du mal à croire à cette œuvre de Jésus. Bouleversée de ce qu’il a fait, elle va venir vers lui pour répandre ce précieux parfum. En cette période d’épidémie, reconnaissons que Jésus, oh combien, voit que la mort bouleverse et met en danger notre foi, notre confiance en la bonté de Dieu, même chez les meilleurs croyants, les plus fervents d’entre nous. Reconnaissons-le humblement. Pour ces jours-ci, soyons cette femme, Marie, dans son mouvement vers Jésus, qui va jusqu’à se prosterner devant Lui, tellement reconnaissante pour ce qu’il a fait. Soyons comme elle pour ces jours-ci. En Marie nous pouvons voir ce mouvement de tout être humain, de toute âme, vers Lui.

Jésus vient répandre le parfum de l’Esprit Saint. Il ne cherche pas à le garder et le retenir, mais il va se laisser briser, percer, pour que se répande l’onction de l’Esprit Saint sur nous, sur l’humanité entière, patiemment, en prenant sur lui le mal et les forces de mort de ce monde, dont nous sommes témoins en nous et autour de nous. Mais il voit ce que Marie, la sœur de Marthe, fait pour laisser l’Esprit Saint venir en elle malgré ses doutes, ses reproches et ses imperfections. Jésus pendant ce Triduum, veut se rapprocher de nous et être parmi nous la source de l’Esprit Saint qui remplit nos maisons du parfum de sa présence agissante. Cette bonne odeur qui remplit la maison comme manifestant les beaux fruits et la fécondité même de sa présence dans nos cœurs abimés, brisés parfois, cabossés aussi, pauvres. Il demande à ses disciples de ne pas se soucier de l’argent qu’ils auraient pu tirer en vendant ce parfum pour les pauvres, non pas qu’il s’en désintéresse, non bien sûr, mais il leur demande que ça vaut la peine de s’intéresser à Lui, Jésus, de s’occuper de lui, de lui consacrer de notre temps. Telle est l’importance de ce Triduum, de ces jours qui nous conduisent à Pâques. Bien évidemment il y a plein de choses qui ne vont pas et qu’il faudrait changer en ce monde. Mais s’occuper de lui, s’intéresser à lui, c’est prendre le temps de capter en Jésus une véritable charité, un amour plus vrai, plus juste, plus miséricordieux, rédempteur capable de changer nos cœurs et nos vies, de faire toutes choses nouvelles en nous et autour de nous, dans ce contexte de confinement. Il compte sur nous pour porter cet amour pascal vainqueur à tous, aux plus pauvres.

Chers amis, ça vaut la peine de se laisser entrainer par Jésus ces jours-ci car nous avons tous besoin de son Amour unique et universel, d’être aimé pour aimer, de sentir son onction de l’amour qui sauve pour tous.

Avec les prêtres, nous allons célébrer les différents offices et messes de ce Triduum, d’abord pour vous, non pas simplement pour notre bénéfice personnel. C’est bien pour vous, au nom de vous tous, le peuple de Dieu, le Corps du Christ, que nous célébrerons chaque eucharistie, dont celles de Pâques qui nous uniront dans une communion spirituelle exceptionnelle pour être toujours davantage des membres vivants de cet unique Corps dont le Christ est la tête et le principe de vie.

 Je ne vous oublie pas, vous les catéchumènes, pour qui le confinement lié à l’épidémie constitue cette année une épreuve. Il n’y a pas d’arrêt de votre cheminement. Nous avons pensé à différer le baptême et l’ensemble des sacrements de l’initiation chrétienne à la vigile de Pentecôte comme cela vous a été annoncé par le service du catéchuménat. Je vous redis ce que je vous avais écrit : « Ne vous découragez donc pas ! Le Seigneur, qui a su venir vous chercher sur les chemins parfois sinueux et obscurs de vos vies, saura bien vous soutenir en ce temps d’épreuve. Avec l’Eglise en Périgord nous prions avec vous et pour vous en attendant que vous receviez la grâce lumineuse de votre baptême… Que le confinement d’aujourd’hui nous aide tous à voir ce que nous ne savions plus regarder : la fragilité de notre monde et notre besoin urgent de fraternité. Que Jésus le Christ vous bénisse et qu’Il vous garde ! »

Bon et beau Triduum Pascal à chacune et à chacun. Il est probable que beaucoup d’entre vous aient déjà cherché à créer les conditions favorables pour vivre intensément ce Triduum à la télévision, sur internet ou encore à la radio. Vous pourrez vous aider aussi des missels, de Prions en Eglise, de Magnificat et de tout autre document porté à votre connaissance par vos paroisses et le diocèse (site internet diocésain avec un guide pour chaque célébration, et des heures de rendez-vous)

Que le Seigneur nous accorde une joie pascale qui touche, dilate et remplisse nos cœurs.

+ Philippe Mousset, évêque de Périgueux et Sarlat

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