Service Communication

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Homélie : « Marcher ensemble en serviteurs de la Mission »

Chers frères et sœurs, chers amis,

La démarche synodale dans laquelle nous entrons vient à ce moment où se révèle l’ampleur du drame des abus sexuels dans l’Église en France. Nous l’avons évoqué dès le début de la célébration avec la prière adressée au Seigneur Jésus devant la croix, en demandant pardon et en nous engageant à agir avec Lui dans cette démarche de vérité et d’hospitalité pour celles et ceux qui en ont besoin.

Dans ce moment précis que nous vivons, l’Église est appelée à se recentrer sur l’essentiel : le Christ Jésus. Et demandons-lui la grâce dont nous avons besoin pour traverser l’épreuve et permettre à l’Église d’être de nouveau un lieu accueillant et sûr, humble et vrai. L’ouverture de la démarche synodale est une occasion de renouveler notre foi et notre espérance en Celui qui ne nous abandonne pas. Ensemble prenons appui sur la présence du Seigneur ressuscité et l’action vivifiante de l’Esprit Saint qui anime notre Église.

Et c’est précisément l’enjeu de l’Evangile que nous venons d’entendre, lorsque pour la 3ème fois Jésus vient leur annoncer qu’il sera livré, condamné, violenté jusqu’à la mort… Et le 3ème jour il ressuscitera. C’est dans ce contexte que Jacques et Jean formulent leur demande de siéger auprès le Lui le Seigneur. Ils le font avec une infinie prudence, car ce n’est pas la 1ère fois qu’ils se risquent sur ce terrain. Souvenons-nous, dimanche 19 septembre dernier : après l’annonce de sa mort et sa Résurrection, les disciples demandent « qui sera le plus grand » et se querellent entre eux. Et comment pourrait-il en être autrement ? Il me semble que l’Evangile souligne quelque chose d’important à entendre pour nous aujourd’hui.

Observons Jésus, que fait-il ou que dit-il ? Il ne récuse pas d’emblée ce désir des disciples dans lequel se mêle de l’ambition. Il sait cette ambition dans le désir de la personne humaine. Il leur offre un espace en sa personne pour exprimer ce désir, l’évangéliser, le purifier, l’émonder avec les tailles nécessaires pour qu’il porte du fruit. Mais cette fois-ci leur demande est différente : elle n’est plus de savoir qui serait le plus grand, mais qui sera auprès de Lui dans sa gloire. Ça avance. Ce qui se passe avec les disciples nous concerne de la même manière. La parole de Jésus et le dialogue avec lui les font évoluer, avancer. Peu à peu ils vont comprendre que Jésus les conduit à ce que leurs désirs de vivre et d’exister puissent s’épanouir et se réaliser pleinement dans l’attitude du serviteur. Tel est le chemin proposé par Jésus, car le chemin c’est Jésus lui-même, en nous. Il est ce chemin plein de vie qui se découvre dans l’attitude de l’humble serviteur.

Alors chers amis, dans cet esprit entrons dans la démarche voulue par le pape François. Celui-ci convoque un synode des évêques, en 2023 à Rome. MAIS il veut que l’Église entière en soit partie prenante. Le thème de ce synode, en fait c’est la synodalité ! « Le chemin de la synodalité est celui que Dieu attend de l’Église au troisième millénaire ».

Le synode est souvent perçu comme des groupes de personnes réunies autour d’une table ou en assemblée pour réfléchir sur des thèmes et des orientations autour du Pape à Rome ou autour de l’évêque dans un diocèse. Il se termine par un document à mettre en œuvre. C’est une représentation qui n’est pas fausse, mais passe à côté d’une autre dimension essentielle du synode.

Pourquoi ? Parce que justement, le sens profond d’un synode c’est se mettre en route, marcher ensemble.  C’est l’Église qui fait route, qui avance, pas seulement le temps effectif du synode, mais au-delà. Le signe d’un véritable synode, c’est qu’il continue de faire route. Il s’agit moins de créer de nouveaux documents ou de nouveaux mouvements de chrétiens que devenir des chrétiens en mouvements à la suite du Christ dans leur diversité. Quand le Seigneur dit « Je suis le chemin… », il est lui-même réellement ce chemin sur lequel nous nous mettons en route.

L’archevêque de Bordeaux aime dire et redire pour lui-même et les chrétiens « Un chrétien ne s’installe pas ! Une Église ne s’installe pas ! Notre conversion personnelle n’est pas achevée !Notre relation au Seigneur est appelée à se renforcer ! En entendant le mot synode, pendant ce mois d’octobre, chacun de nous pourra s’interroger : quel nouveau pas, je suis prêt à faire dans la foi, dans la relation au Seigneur ? Nous sommes tous des pèlerins en route ! C’est un appel à marcher ensemble ! ».

Nous célébrons et vivons ensemble notre foi au milieu des épreuves. A la fin de la célébration vous sera remis un petit document simple, éclairant pour que ce synode entre dans chaque paroisse, chaque Communauté, mouvement, service, chaque établissement catholique.

Nous poursuivons notre démarche missionnaire synodale par ce synode. Des groupes de partage, des assemblées dans nos paroisses, mouvements ou services vont échanger sur l’un ou l’autre de ces thèmes. L’objet des échanges, c’est notre passion commune pour l’Evangile du Christ, c’est le désir de nous mettre ensemble, à l’écoute de l’Esprit-Saint pour qu’Il inspire son Église, de nous mettre à l’écoute les uns des autres, comme dans l’Evangile. À ce sujet, nous serons attentifs à la place des personnes plus fragiles et des plus jeunes. N’oublions pas que l’Esprit Saint peut nous parler par les plus jeunes et les plus pauvres… C’est-à-dire à celles et ceux qui n’occupent pas des places importantes dans la communauté. Que nos fonctionnements n’étouffent pas ce que dit l’Esprit à nos Eglises. Le partage de ces échanges en paroisse servira d’abord la paroisse ! Ils pourront être utiles pour la rédaction d’un projet paroissial ; ils donneront des idées d’initiatives locales. Mais, les contributions des différentes paroisses seront aussi synthétisées par une équipe diocésaine, conduite par le Père Thierry Niquot.

C’est ainsi, frères et sœurs, en nous engageant résolument sur les routes de la mission que nous honorons le mieux la mémoire des générations qui nous ont précédés et dont nous sommes les héritiers dans notre diocèse dans sa configuration actuelle (200 ans en 2021). La réponse missionnaire dans laquelle nous nous engageons est la plus belle commémoration : l’élan missionnaire qui les ont portées en leur temps, nous souhaitons en être de dignes héritiers en notre temps, aujourd’hui et demain, avec la grâce de Dieu.

Enfin, je tiens à vous exprimer ma profonde gratitude et toute ma confiance à vous tous, prêtres, diacres, religieux (ses), consacrées, laïcs pour votre présence et pour les serviteurs que vous êtes, chacun et chacune selon sa vocation, sa mission, sans confusion, dans la communion de Dieu, Père, Fils et Esprit.

Nous sommes membres d’une Église qui, sans cesse, crée du neuf, car l’Evangile est toujours nouveau, Dieu est toujours nouveau. Nous sommes non pas des individus côte à côte, mais des frères et sœurs, des amis dans le Seigneur. Une Église synodale ! Amen !

+ Philippe MOUSSET, Evêque de Périgueux et Sarlat
Homélie prononcée le 17 octobre 2021, en la cathédrale Saint-Front de Périgueux

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