Ce dimanche 6 mars 2022, l’étape de l’appel décisif pour les catéchumènes (futur baptisés) s’est déroulée en la cathédrale St-Front de Périgueux. C’est une étape importante qui officialise devant la famille, les parrains et marraines, l’évêque et les chrétiens présents que l’adulte va être baptisé, confirmé et recevoir la première des communions. Retrouvez l’homélie prononcée par Mgr Philippe Mousset à cette occasion.
Chers frères et sœurs, chers amis, Permettez-moi tout d’abord, au nom de notre diocèse, de vous remercier très profondément, vous qui, ce matin, allez vivre cette étape de l’appel décisif vers votre baptême. Ce matin, avec vous, notre Église vit une grande action de grâces pour l’action de l’Esprit Saint, de Dieu dans chacune de vos existences. Soyez donc, tout d’abord, profondément remerciés !
Permettez-moi également de souhaiter la bienvenue à celles et ceux qui sont présents ici ce matin à cause des liens amicaux ou familiaux qu’ils ont avec vous, mais qui partagent ou ne partagent pas nécessairement la foi des chrétiens. Soyez les bienvenus, chers amis.
À vous tous qui allez vivre cette étape vers le baptême, j’aimerais dire mon profond respect. J’ai lu toutes vos lettres et j’en ai été touché, tant vous vous êtes vous-mêmes laissé toucher par le Seigneur, par sa bonté, sa patience et sa délicatesse. En vous lisant, j’ai une fois de plus perçu la vérité de ce que le Seigneur nous dit dans cet évangile ou il affronte les tentations et il en sort victorieux.
En lui, le Seigneur, le Christ c’est l’amour du Père, à la source du commandement de l’amour qui le guide et le rend victorieux au désert. Dans vos lettres c’est justement cette expérience de cet amour de Dieu pour vous, pour nous qui vous a profondément touchés. Vous avez fait l’expérience que Dieu ne regarde pas l’apparence ni ne nous juge sur le passé, mais il regarde le cœur, notre attente, notre désir d’entendre « Tu es aimé, ta vie est précieuse à mes yeux, sache que je fais de ma vie une offrande d’amour pour toi, pour vous, afin de vous entrainer, librement vers ce mouvement de renouveau de la Vie, ce chemin de vie qui s’ouvre sur un horizon imprévu, le Royaume de Dieu. »
En lisant vos lettres, je me disais que c’est bien vrai : Dieu ne regarde ni l’apparence, ni ne nous enferme dans le passé, ni dans nos péchés, mais il nous donne de découvrir la serrure unique de notre cœur pour l’ouvrir à ce pourquoi il est fait, contempler et découvrir l’amour de Dieu qui se décline de tant de manières, s’ouvrir dès maintenant en vue du Royaume de Dieu. Et des témoins, avec la grâce de Dieu, sans en avoir ni le contrôle, ni la maîtrise, vous ont aidé à recevoir la clé (ce n’est pas pour rien que l’apôtre Pierre, en qui nous pouvons nous identifier, est représenté par les clés qui lui ont été remises), pour ouvrir la porte du cœur à la présence du Christ, et aux autres.
Vous remerciez, dans vos lettres avec vos mots le fait que le Seigneur soit entré dans votre vie, toujours d’une manière unique. Parfois ça peut ressembler à un tsunami, à des combats. C’est vrai que la beauté d’une vie, chers amis, C’est dans le cœur, dans l’intériorité, que tout se joue. Dans une lettre, une personne jeune dit qu’elle a été touchée par la grâce au cours d’une cérémonie, et elle s’est effondrée intérieurement en larmes, mais des larmes de joie précise-t-elle, ne pensant pas qu’elle pouvait être ainsi considérée par Dieu.
Les choix que vous faites sont éclairés et inspirés par les choix du Christ au désert au milieu des combats. Le monde dans lequel nous vivons n’est pas un long fleuve tranquille, vous le savez, nous le savons, mais c’est bien dans ce monde-ci que le Seigneur vous a rejoint et devient en vous une force intérieure, une lumière pour éclairer votre vie et les choix à vivre et à faire.
Vous découvrez, et comme il est bon aussi pour nous de l’entendre, qu’en Dieu il y a comme un renouveau de votre vie. La manière de regarder le monde et les autres. Oui, il y a un regard spécifique éclairé par la présence du Christ et son évangile, la parole de Dieu. Il est fait de beaucoup de choses difficiles à définir, à la fois très intérieures et très extérieures : cet élan qui conduit vers l’absence de jugement, du refus de la violence, de la guerre, vers la bienveillance, le calme et la patience à l’égard d’autrui, le refus de l’agressivité, de l’arrogance, la lutte incessante contre l’orgueil et la volonté d’humilier l’autre, et enfin la grande découverte de la valeur accordée à la parole. Il y a une manière chrétienne de regarder les choses, les personnes, la nature, la beauté d’un corps au-delà des apparences, le sourire d’un enfant. Cette ouverture et cette conversion du cœur ouvrent à la joie. La vie qui prend un sens, un sens qui ne vient pas seulement de soi. S’en remettre à Dieu, vivre, penser, agir sous le regard de l’Esprit-Saint.
« Tout prêt de toi est la Parole, elle dans ta bouche et dans ton cœur ». Là est notre force et notre paix, Bon carême et bonne route à vous qui cheminez vers le baptême. Amen !
+ Philippe Mousset, évêque de Périgueux et Sarlat